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Philosopher en Terminale ou en classes préparatoires

Philosopher en Terminale ou en classes préparatoires
  • Cours et plans de cours de Jean-Jacques Sarfati, professeur de philosophie. Lycée Marie Curie Versailles. « D’une manière générale ce qui prouve qu’on sait une chose c’est lorsque l’on est capable de l’enseigner ». Aristote Métaphysique. A 1
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20 décembre 2007

notes sommaires de cours sur la démonstration

La démonstration

Pourquoi important de faire cette étude ? Pas seulement scolaire, la démonstration souvent utilisée en de nombreux domaines(justice, politique, science, mathématiques) ....De plus , ne pas savoir démontrer souvent ne pas savoir argumenter. Mais qu'esdt ce que démontrer  ?La démonstration. Dans le dictionnaire,  Larousse, 4 définitions du terme démontration : a) action de rendre évidente, de prouver par l'expérience la vérité d'un fait, d'une donnée scientifique...b) raisonnement établissant la vérité d'une proposition à partir des axiomes que l'on a posé  c) action d'argumenter auprés d'un public sur les qualités d'un produit en le faisant gouter ou fonctionner  d) marque de sentiment, marque extérieure.... e) Manoeuvre pour intimide l'adversaire...
Point commun entre toutes ces définitions...Idée de "montrer" , de faire "montre" de mettre à l'extérieur, de faire "apparaître le caché".... Monstrare.... Monter quoi  ? La vérité ?
Lautréamont parlant de la démonstration mathématiques..."il y avait du vague dans mon esprit, un je ne sais quoi épais comme la fumée, mais je sus franchir religieusement les degrés qui ménent à votre autel et vous avez chassé ce voile obscur, comme le vent chasse le dammier....Celui qui ignore les mathématiques...La terre ne lui montre que des illusions et des fantasmagories morales ; mais vous ô mathématiques concise, par l'enchainement rigoureux de vos propositions tenaces et la constance de vos lois de faire, vous faites luire, aux yeux éblouis, un reflet puissant de cette vérité suprême dont on remarque l'empreinte dans l'univers". Les chants de Maldoror...
La pratique de la démonstration et plus encore de la démonstration mathématique serait donc un moyen de se révéler à soi en comprenant le monde ? Qu'en est-il ?

1) Démonstration mathématiques et ouverture à soi
Les mathématiques sont elles si essentielles pour se connaître ?  On se souvient ici de la phrase de Socrate. "nul n'entre ici s'il n'est géométre". Livre VII de la République, il nous indique en effet  que la "géométrie est la connaissance de ce qui est toujours....Elle attire l'âme vers la vérité et développe en elle cet esprit philosophique qui élève vers les choses d'en haut les regards qui nous abaissent à tort vers les choses d'ici bas" Pourquoi parce que pour lui (524 b) "certains objets invitent l'âme à la reflexion et d'autres n'y invitent pas" sont tels les objets qui "donnnent lieu à deux sensations contraires". En effet, lorsque l'unité apparaît par elle-même elle ne donne pas lieu à recherche or la dite recherche est nécessaire pour pouvoir atteindre l'être, c'est à dire ce qui est réellement. Le nombre est donc essentiel et  l'arithémtique en ce qu'elles Es science du nombre préparent à la vérité. La géométrie est importante car elle relève de ce qui est éternelles. Elles obligent ainsi à sortir de la relativité, de la contingence, à comprendre qu'il est des rapports nécessaires entre les choses... Elles sont prop-pédeutiques...prop-paideia... Mais elles ne sont que préparatoires. Elles préparent. Elles prennent partent d'hypothèses qu'elles ignorent or "lorsque l'on prend pour principe une chose que l'on ne connait pas et que l'on compose  les conclusions et les propositions intermédiaires  d'éléments inconnus, comment être sur que nous sommes face à une science ? En fait pour Socrate le véritable savoir qui conduit à la vérité est la dialectique car elle permet de "rejeter les hypothèses pour atteindre le "principe même". 533 a
Qu'est ce que la dialectique et quelle rapport à la démonstration...Ici démontrer peut-être une manière de vouloir faire "démonstration de force". Le discours sophistique pour Platon, comme il le note dans la Gorgias est celui-ci. Il cherche l'essence, ce qu'est reéllement la chose. Il ne s'arrête pas aux apparences. Il veut aller le plus loin possiblE. Elle n'est pas démonstration : elle consiste donc selon certains interprètes à aller de concepts en concepts pour atteindre les principes premiers, toujours en partant de ce que nous connaissons..
Problème : dialectique. Discussion.  Pris un sens péjoratif chez les modernes, discussion subtile...Beaucoup de personnes discutent mais savent elles réellement de ce dont elles discutent ? .Pas mieux de se dire qu'il faut revenir sur des éléments concrets en essayant d'effectuer ensuite des démonstrations en partant de ces observations ?      
  Dans ses analytiques I Aristote va critiquer ces positions. Pour lui trois formes de raisonnement : le raisonement éristique ( part de prémisses fauses ou utilise un mauvais raisonnement)....Le raisonement dialectique utilise un bon raisonnement mais part d'opinions probables.....La science. Il précise ce qu'elle est dans ses seconds analytique I. 2
"Nous appelons savoir le fait de connaître par démonstration. Par démonstration j'entends le syllogisme scientifique et j'appelle scientifique un syllogisme dont la possession même constitue pour nous la science. Si donc la connaissance scientifique consiste bien en ce que nous avons posé, il est nécessaire aussi que la science démonstrative part de prémises premières, vraies immédiates, plus connues que la conclusions, antérieures à elles et donc elles sont les causes"....
Lier à ce qu'il dit dans sa métaphysique différence entre l'art et la science. La science posséder une technique(exemple cleui qui construit une maison), la science, connaître le pourquoi des choses(exemple l'architecte comment on construit la maison)...Plusieurs types de science chez Aristote et le plus important (architectonique)celui qui est le plus proche des fins premières....
Donc démontrer partir d'une cause première, vraie, que l'on possède....Ensuite effectuer des syllogisme.....Problème comment acquérir les causes premières  ? II. 19 SA par le "noos"...Intuition d'autres diront "expérimentation"...Induction....Démonstration proche de la déduction.
Donc premier observation, expérimentation, pas mathématiques....démonstration et surtout vrai....Le fait de se démontrer comme sachant dans un domaine par ses actes, par ce que l'on fait.
Celui qui se dit bon architecte et qui construit des maisons sans queue ni tête ne peut prétendre posséder ce savoir. Donc le vrai consiste dans le fait de démontrer par ses actes que l'on sait....
Comment prétendre que ce que l'on fait réussi ? N'y a t il pas ici une conception qui consisterait à penser que certains savent et d'autres non....Qu'il y aurait une conception du vrai absolu ? La modernité va remettre en cause cette idée et donner une définition plus "scientifique" au sens moderne du terme de la notion de démonstration.

2) Le sens restreint du terme de démonstration
Pour admettre la thèse Platonicienne il faut supposer que certains concepts sont vrais qu'ils ne sont pas marqués par notre conception du monde....Difficile à admettre aujourd'hui.
Aristotélicienne que certains par leur comportement prouvent qu'ils savent et d'autres ne savent pas. Pareil il faut savoir apprécier ou suppose que l'on sait apprécier. Or notre idée est qu'en fait tout ceci est plutot construit.
Locke dans son essai sur l'entendement humain va ainsi proposer une définition plus restreinte du terme. En effet? Livre IV chapitre I...Concordance de deux idées entre elles. Exemple je sais que cet ours est blanc car j'ai l'idée d'un ours et je l'associe à celle de blanc...I il évoque les degrés de la connaissance : la connaissance par intuition...première, je saisis directement la chose.  L'association se fait immédiatement. Ensuite la preuve est le moyen par lequel je met en rapport ces deux idées : je montre l'ours à une personne, et je lui indique qu'il est blanc. La démonstration intervient lorsque la preuve n'est pas possible ni l'intuition. Donc ici elle consiste à faire intervenir des idées moyennes pour mettre en relation les duex idées. Exemple : je suis face à un quelqu'un qui igonre ce qu'est un ours et la couleur blanche mais connait le concept d'animal...Donc je lui dis .....
On ne peut connaitre que de ces manières sinon pas connaissance mais croyance, foi....Pour lui démonstration plus faible que l'intuition. on fait disparaître l'idée force de la démonstration ici chez les anciens...Une simple opération mécanique mais qui permet de connaitre les choses.....
Locke et les modernes vont adopter cette position car ils vont penser que la réalité de la chose en soi ne peut être connue, toujours mystérieuse...Il va rejeter la métaphysique et le concept de substance toujours en relation.
Problème : ici on arrive dans le relativisme..Tout se vaut. Mais Locke n'est pas relativiste au niveau moral et politique. Il pense démocratie seul régime valable et rejette l'intolérance, l'extrémisme. Mais dans le même temps précisément parce qu'il croit en la démocratie il pense que personne ne peut par son attitude montrer qu'il sait...Toujours imparfait.
Donc démonstration d'intelligence, savoir toujours un peu marqué par l'autre, par sa représentation,sa vision du monde...Quid ?
Introduction de la post-modernité va conduire à remise en cause de ce relativisme....Possible de distinguer deux formes de savoir : celui qui est intérieur et extérieur...Au delà de la démonstration. Différence entre le savant et le scientifique...

3) La critique de la science et du concept de démonstration

Hegel dans phénoménologie de l'esprit expliqueu que celui qui connait les choses par le biais de démonstration mathématique les connait extérieurement parcequ'il les appris mais pas intérieurement. Ce qui signifie qu'il n'est pas capable de se dire en lui-meme ce qu'elle sont. Ils ne se les représente pas. Il ne sait pas ce qu'est la vérité, le vrai savoir. Il n'est que sur un savoir qui lui a été appris mais qu'il ne posséde pas par lui-meme.
Problème : ici suppose que d'aucuns possèdent un savoir absolu....Hegel le pense....Philosophe celui qui par son attitude prouve qu'il sait...Le vrai savoir. Il démontre et il a surtout en lui.
En tous les cas, cela va conduire à une forme de crise du savoir scientifique et de l'idée que les modernes se faisaient de la science...Remise en cause de Nexton, relativité, espace et temps sont liés....Donc ici deux conceptions de ce que sont les sciences KHUN....et POPPER....
D'ou pour Popper Psy pas une science....
CONCLUSION
Comme dans beaucoup de domaine cette réflexion sur l'idée de science et de démonstration nous montre que nous sommes ici aussi à la croisée des chemins. Nous ne croyons plus comme les anciens que certains par leur attitudes démontrent qu'ils savent : démonstration acte....Mais en même temps nous ne croyons plus non plus comme les modernes que la science et la démonstration théorique et s'appuyant sur mathématique serait infaillible. Nous avons remis en cause et l'un et l'autre et comme nous ne croyons pas plus en la religion nous avons donc abandonné tout repère acceptable pour tous pour signifier le savoir. En un sens, la démonstration selon la manière dont on l'entendait pouvait être forme de repère. Tant mieux nous avons brisé et rompu nos illusions sur ce point....Savoir que si une personne veut nous montrer et nous démontrer qu'elle sait, essayons de savoir pourquoi il opère cette démonstation, qu'est ce qu'il veut nous démontrer.... Essayons d'aller avec lui vers ou il veut nous conduire...Pour nous même, admettre que nous ne pouvons pas tout savoir effectivement mais lorsque rien n'est sur alors effectivement s'en référer à ce que dit notre "intuition"...Cependant ne pas nous dire comme Pascal : coeur à des raisons que la raison ignore et distinguer "esprit géométrique et esprit de finesse"...Penser qu'au contraire ce que nous savons par le coeur peut toujours être remis en cause. Accepter cette remise en cause afin d'écouter l'autre, entrer en relation avec lui...pour essayer de le comprendre et lui demander qu'il nous comprenne à nouveau.
Pour les anciens, le dogme religion, modernes la science (moderne du terme) a pris la place de celle-ci avec l'art. Peut-être que nous post modernes prendre le savoir comme moyen de connaire l'autre et de l'aiderà être lui-même, nous aider à êtr enous même, relation mutuelle et lien...Oublier terme démonstration si démonstration d'un savoir...Dé-montrer alors un intérêt, non feint....pour autrui...Passe aussi par intérêt pour soi qui implique de bien savoir différencier les formes de relation. Nosu dire ainsi qu'en ce domaine pas égalité mais différences mais qui peuvent se conjoindre indépendamment de la naissance, de la religion, de l'âge.etc....Il y a des accointances entre les êtres et les choses ou les objets, elles se "démontrent" par la vie....Une vie qui serait réussie  serait alors celle qui aurait été constamment en relation avec les objets ou les êtres avec lesquelles elle aurait été en accointance et qui aurait permis à chacun de ces êtres de rencontrer ce pour quoi ils sont faits, ce pour quoi ils sont le plus en accointance...Pas démontrer impossible pour tout le monde. Pas harmonie préétablie mais relation par ponts successifs, donc se méfier des trop grandes ruptures....Des trop grandes classifications, toujours chercher le contact de ce qui nou sparle le plus soit par intuition, soit par démonstration...





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20 décembre 2007

NOTES DE COURS SUR L HISTOIRE

L HISTOIRE

L’histoire peut nous aider à connaître ce qui s‘est passé mais de quelle manière ?
Certains nient que l’histoire puisse nous être utile(Nietzche Rousseau). Ils montrent ainsi parfois en fait que nous devons nous dégager d’elle car elle exerce parfois une forme de « surmoi » sur les hommes. Mais précisément il faut la connaître pour éviter que ce surmoi n’égisse.
Comment ? Non pas en croyant qu’il y a des lois et des plans de la nature que nous pourrions découvrir (Montesquieu en un sens, Kant et Hegel surtout)….Pourquoi ? Toujours lié à ce rejet de la religion…Ce refus.
En revanche usage plus « terrestre » plus modéré chez Platon…Mais forme d’historicisme modérée dans les lois.
Surtou chez Aristote et Locke…
Depuis nous avons abandonné…Nous sommes dans une coupure…Ce faisant nous nous coupons de la réalité..Montrer que nous pouvons utiliser l’histoire pour philosopher. 
PROBLEMATIQUE ; COMMENT POUVONS NOUS UTILISER L HISTOIRE POUR APPRENDRE ?

Une première esquisse de réponse est proposée : L'histoire a surtout à faire avec le temps passé. Les problèmes surgissent et elle devient une histoire qui se répète de manière psychotique lorsque l'on confond temps passé et temps mort. Le temps passé n'est pas nécessairement un temps mort. Il peut vivre en nous si nous l'avons bien vécu dans le présent, si nous l'avons transformé en un temps de présence dans la présence, la densité de cette présence. Le problème est que l'attitude psychotique à l'égard de l'histoire surgit lorsque l'on ne parvient pas à séparer les trois temps : passé, présent, avenir. Lorsque le passé inonde notre présent et en même temps lorsque l'on se refuse à une vision objective, sereine et vraie de notre passé.

Textes

LOCKE STGC
VII 92 « ceux qui croient que le pouvoir absolu purifie le sang des hommes, et corrige la bassesse de la nature humaine n’ont qu’à lire l’histoire de notre siècle ou de tout autre pour se persuader du contraire. »

Mais l’histoire est bien importante dans ce chapitre car son objectif est de répondre à une objection qu’il se fait « L’histoire (peut-on lui objecter) ne connaît pas l’exemple d’une troupe d’hommes indépendants et égaux entre eux qui se soient réunis pour fonder un gouvernement et pour l’instituer de cette manière »VIII. 100
Lo’bjection il y répond en indiquant « il est rare que les lettres apparaissent tant que la société civile n’y a pas duré assez longtemps….C’est quand il en est là ( quand il y a une société civile) (qu’un peuple) commence à rechercher l’histoire de ses fondateurs et à étudier ses origines alors que le souvenir s’en est perdu. Il en va des républiques comme des individus, elles ne savent rien en général de leur naissance ni de leur enfance si elles en savent quelque chose elles le doivent à des documents conservés par hasard par d’autres. Si l’on excepte l’histoire des juifs ou Dieu lui-même s’est interposé directement et qui ne plaide nullement en faveur de la domination paternelle, les documents relatifs à l’origine des sociétés politiques dans le monde qui se trouvent en note possession illustrent clairement le mode de fondation que j’ai indiqué(celui d’une fondation par l’accord du groupe en son entier) ou en porte au moins l’empreinte manifeste »   »..101. 

VIII. 106 « Si nous nous reportons aussi loin que les archives nous relatent le peuplement du monde et l’histoire des nations nous trouvons communément le pouvoir entre les mains d’un seul mais cela n’empêche pas que j’aie raison d’affirmer que la fondation d’une société politique a pour condition l’accord des individus qui se réunissent et s’associent ; une fois qu’ils s sont associés de cette manière,ils peuvent établir telle forme de gouvernement que bon leur semble….(Mais pourquoi tant de monarchies ?)….Au moment de la fondation de certaines sociétés politiques, la supériorité du père a pu susciter l’apparition du pouvoir entre les mains d’un seul et l’y fixer tout d’abord ; mais il es sur que le maintien de ce régime du pouvoir d’un seul ne s’explique pas par le souci respectueux de l’autorité paternelle car toutes les petites monarchies, y compris la plupart des monarchies qui sont encore dans leur enfance restent communément au moins dans certaines circonstances électives »
VIII. 107. Il se livre à une explication psychologique de la situation. Il nous indique ainsi que « Au commencement , à l’origine du monde, l’autorité dont le père était investi pendant l’enfance de ceux qui descendaient de lui les habitua au pouvoir d’un seul homme et leur apprit qu’exercé avec soin et adresse s’il s’accompagnait d’affection et d’amour pour ceux qui lui étaient soumis il suffisait de donner aux hommes et leur conserver tout le bonheur politique qu’ils cherchaient en société. Ils jetèrent donc tout naturellement leur dévolu sur une seule forme de gouvernement et ils l’embrassèrent; celles à laquelle ils s’étaient accoutumés dès leur enfance et dont-ils savaient par expérience qu’elle offrait plus d’avantages et de garanties …Ils n‘avaient pas connu l‘oppression d‘un empire tyrannique ni l‘esprit de l‘époque ni leurs possessions ni  leurs modes de vies qui offraient peu de prise à l‘avidité ou à l‘ambition ne leur donnaient le moindre sujet de redouter cette oppression ni de s‘en prémunir ; il n‘est donc pas étonnant qu‘ils se soient soumis à un gouvernement dont la structure n‘était pas seulement la plus simple et la plus évidente…mais aussi la plus conforme à leur état et condition du moment…Il faut admettre que la peur des hommes du dehors l’emportait de loin chez eux sur leurs craintes réciproques et qu’ils ont eu pour premier souci, pour première pensée de se mettre à l’abri des    »   

« Dans la série des événements temporels, l’attente du futur doit être préférée à la recherche du passé, pour autant que, dans les livres divins, les évènements passé que l’on raconte jouent le rôle d’une préfiguration ou d’une promesse et d’un témoignage d’évènements futurs. Et en vérité, même dans ce qui touche à cette vie, succés ou adversité, personne ne se soucie de ce qui fut ; mais c’est dans l’espoir de ce qui sera que chacun rassemble l’entière ardeur de ses soucis…Car ce n’est pas aux évènements passés que je tends, dans la crainte  de commettre l’erreur très pernicieuse  de me les représenter autrement qu’ils ne se sont passés. Mais c’est vers ce que je serai que je dirige ma course, sous la conduite de la miséricorde de mon créateur….Pour acheter un vêtement ce ne serait pas un problème si j’avais oublié l’hiver passé, mais il y en aurait un à ne pas croire à l’imminence du froid futur… » Le libre arbitre. Saint Augustin.nrf 1998 œuvres I sous la direction de L Jerphagnon III. 62 

L’autre effet ou cause de l’intégrisme juridique, lui-même provoqué par le délié s’explique par et se dénote par la présence de l’histoire en droit. L’histoire du droit et l’histoire politique tiennent désormais lieu de pensée sur le droit aujourd’hui. Cette attitude ne doit pas être en totalité condamnée car l’histoire est comme l’écrivait De Certeau une manière d’écrire à la troisième personne et en un certain sens de prendre du « recul » par rapport au présent.
Mais comme il le rappelle l’écriture de l’histoire elle-même ne peut se détacher du présent. On écrit l’histoire comme on voit le monde et ce même sans nous en rendre compte et le pire ici est une prétendue neutralité qui se masque sous cette lecture.
De plus, en confondant pensée et étude historique on ne fait que poursuivre la confusion entre les trois temps et ainsi on absorbe, on dilue ces trois temps. On oublie qu’il y a aussi un présent et un futur…
La forte prégnance de l’histoire n’est autre aussi parfois qu’une forte domination du passé sur le présent et l’incapacité qui peut être la nôtre de croire à un moment à la possibilté de construire ce présent.
Le remplacement de la pensée par l’histoire n’est autre qu’une incapacité à faire la part existante dans ces trois temps et ainsi de les aider à se construire et se penser les uns les autres.
Toutefois dans le meme temps l’oubli de l’histoire ne peut que conduire à faire en sorte de croire que le présent et l’avenir lui-même en sont détachés.
Ces trois temps s’ordonne sur une ligne continue, ils sont liés mais lié ne signifie pas ici confus, mêlés….Liés signifie existence d’une relation, possibilité d’une rencontre mais rencontre qui sera d’autant plus fructueuse qu’il sera faît à chacun de ces temps la place qui lui revient et c’est aussi à la pensée qu’il appartient de faire cette place.
Il faut aussi sans nul doute toujours se penser et se voir en train de fair ede l’histoire car la tendance à la fusion des trois temps comme la tendance à l’absorption de l’un par l’autre est toujours très forte. Ecrire et penser c’est faire en sorte d’éviter que ces trois temps se confondent et s’absorbent mutuellement…
On ne pense pas par l’histoire mais on ne peut penser sans référence à celle-ci ne serait ce que pour nous aider à faire en sorte de nous détacher du présent, de voir « plus loin » tout en sachant que cette vision est fortement faussée.   

Problèmatique  En quoi l’histoire peut-elle nous aider à connaître la vérité ?

Question importante , tout savoir semble passer par l’histoire…Il suffit pense ton parfois de connaître l’histoire d’un peuple, d’une notion, d’une structure pour prétendre pouvoir la connaître. Or saisir l’histoire  d’une chosece n’est pas la penser…Mais alors pourquoi faisons nous de l’histoire ? Pour saisir la vérité mais quel type de vérité ?
Pluralité des mots histoire( personnelle, individuelle, etc…)

1° Certitude :

Rapport histoire et vérité généalogie. Connaissance de la cause. Mais relation à la généalogie différente chez les anciens et les modernes. Les anciens voyaient les relations entre les causes reliées à une cause premiere (( mais nous qualifions ces histoires de mythes et pensons qu’elles n’ont qu’une information au mieux morale ou analogique, métaphorique)…
Relation histoire donc apprend sur l’écoluement du temps…Mais ici aussi pense saisir une réalité à travers saisne de ces causes; Quelle valeur histoire ? Platon, république IV…Elle permet de comprendre écument et cercle du temps. Aristote, la poétique, c’est surtout la fiction qui informe car l’histoir es’intéresse à des faits particuliers.
Caractéristique histoire  matière empirique , part de faits pour connaître des causes? Paroifs faits sont des évènements -voir Nora ( le retour de l’évenement)…L’évenement est le fait qui fait sens. Mais problème : tout ne fait pas sens pour tous…Relativité de l’histoire ? Non peut-être n‘éclairons nous pas les mêmes faits selon les valeurs qui sont les notres.
Mais peut-ôn saisir une généalogie à travers causes partielles ? Non, pour cette raisn que s’opère historicisme.
L’ihsoitre et l’historcisime. L’historicisme à distinguer lde l’historicité. Pense qu’il existe un sens à l’histoire( mot sesn dans  tous les sens)…Pense que l’écoluement du temps produit une évolution : trois temporalité ( ascen dante ( le progrès) , le déclin ( perte d’un paradis perdu) ou circulaire ( toujours retour du même)
Misere historicisme , oublie part de la volonté et de la liberté. Histoire c’est aussi ce que l’homme construit. Ce que rappelle Kant dans l idée d’une ’histoire universelle selon le point de vue pragmatique…L’homme doté de la raison par la nature qui ne fait rien en vain…Raison lié à son économisme, pour nous permettre de construire nos vie à moindre frais. Et ainsi de dépasser notre inscociable sociabilité pour aller vers la civilisation.
Mais Merlau Ponty le rappelle, aussi…Cette raison nous pouvons l’utiliser à mauvais escient   dans signes…Intelligence peut servir à des êtres pervers..
Donc progrès lorsque nous utilisons ce qu’il y a de meilleur en notre intelligence, celle de notre cœur et de notre raison réunie…Au service de ce qui fait sens précisément, lorsque nous cherchons à construire le sens et non lorsque nous l’ignorons…Ceci n’est possible que si nous pensons que tout fait sens.

Donc historie ne révèle pas nécessairement avenir mais permet de se dire qu’il y aussi des trajectoires longues que nous pouvons saisir par elle…Aussi lorsque nous faisons le récapitulatif du chemin qui a été le notre pour continuer et avancer dans le sens que nous avons choisir de donne rà notre vie.
Mais aussi pour connaître sédimentations qui nous sommes.

L’aide de l’histoire dans la construction de notre archéologie personnelle

Foucault notamment après Freud…Nos pensées, nos mots, nos valeurs imprégnées de notre histoire..Nous sommes aussi des êtres historiques mùême si nous avons un libre artibre par lequel nous donnons sens à l’histoire.
Etre historiQUE qui fait que parfaois notre mémoire peut faire en sorte de nous interdire de nous libérer…La névroses c’est la répétition…Il faut alors et nous avons ici un devoir de mémoire précisément pour sortir de cette logique…Comment ? En faisant l’histoire mais pas n’mporte comment en suivant certaine épistémologie : objectivité (thucidyde) mais aussi utilisation du signe ( sémiologie) de ce qui fait signe ( et recul, pensée par rapport à ce qui fait signe…Recul par rapport à nos valeurs même si comme     Putnam le rappelle, éffonderment de la dichotomie faits.valeur.



l’historicisme et il écrit « que préférant le passé au présent et ce qui est mort à ce qui vit, substitue du non être à l’être et dévalue les valeurs…D’une façon générale, la société occidentale entière est malade ;ele a le visage blême d’un grand anémié rongé par une gangrène envahissante. L’Europe est en train de devenir une maison des morts ou Nietzche ne décèle que le triomphe dérisoire de l’humain trop humain. Non seulement la civilisation occidentale, par son relâchement révèle une société d’épuisés mais par son hideux atavisme, elle ressemble à un rassemblement d’anes et d’oies (Le Gai savoir. § 23)…Elle est composée de ces êtres  sans nom, impersonnels et fades qui s’attachent à tout ce qui est superficiel et braillard, au besoin de sécurité, au gout de l’utilitaire et au mauvais gout, à la bonne conscience aux petites vertus..Les prêtres chrétiens sont passés par là, qu hypnotisent et anéantissent les âmes. La morale chrétienne par la pitié a amollit les cœurs..Le nivellement s’opère dans la médiocrité ;l’européanisation est démocratisation et les peuples préparent leur nouvel esclavage «   81,   

Gadamer in  La constitution de la conscience historique. Le seuil 1996 p 23 » il écrit «  la conscience historique qui caractérise l’homme d’au jour dHui EST UN privilège, peut-être même un fardeau, tel qu’il n’a jamais été imposée à aucune des générations antérieures. La conscience que nous avons actuellement de l’histoire est foncièrement différente de la manière dont autrefois le passé apparaissait à un peuple ou à une époque. Nous entendons par conscience historique le privilège de l’homme moderne : celui d’avoir pleinement conscience de l’historicité de tout présent et de la relativité de toutes les opinions… »

« Si Gadamer fait de la conscience historique un privilège plutôt qu’un fardeau, Léo Strauss dans le cadre d’une tout autre problématique, celle du droit naturel, en fait à l’inverse plutôt un fardeau qu’un privilège. Quelle que soit l’évaluation que l’on fasse du temps présent, le même constat revient concernant le poids irréductible de la conscience historique qui enveloppe en elle, d’une part l’idée d’une historicité de tout présent qui n’est plus compensée par un ordre naturel et d’autre part le principe d’une relativité des traditions, des cultures, des mœurs et des opinions » Y C ZARKA « Figures du pouvoir. Etudes de philosophie politique de Machiavel à Foucault »Puf 2001p 56. Mais Il n’est pas ok avec Gadamer. Pour lui «  l’époque moderne est tendue entre historicité et trans- historicité et elle s’est constituée dans cette tension » p 56
L’historicité existait en fait chez les anciens mais «  ce qui caractérise la conscience de soi des modernes, c’est que tous les domaines du savoir et de l’existence se trouvent d’une manière ou d’une autre affectés par l’historicité. Ce qui ne veut pas dire que tout revient à l’histoire ou se réduit à elle » p 58
Un des auteurs de cette transformation est Bodin in « Methodus ad facilem historiarum cognitionem », qui considère que l’histoire est « lieu où s’accomplit la vérité » p 59. En effet Bodin écrit «  c’est elle (l’histoire) qui se chargera de nous révéler entièrement non seulement les techniques nécessaires à notre existence, mais les préceptes positifs ou négatifs de la vie morale, ce qui est honorable ou honteux, l’assiette qui convient aux lois, la meilleure forme de la république et le moyen de parvenir à la béatitude. Enfin si l’on supprime l’histoire on laisse emporter par le flux des âges le culte de Dieu, les religions et les oracles… » Methodus p 280   

L’histoire exige une réflexion permanente sur ce qui a pu se produire. Il faut avoir une grande distance par rappor aux informations historiques, pouvoir faire en sorte de les analyseR . Toute la difficulté se trouve sur cette question de la réflexion sur le sujet.
Ainsi biographie. Celle-ci suppose que rôle d’un homme peut être décisif ou au contraire que le rôle de cet homme minime…Ou bien on ne voit qu’un aspect du problème mais pas le problème en son entier et donc on ne voit qu’une partie de la réalité.
Donc la biograhpei nous présente une vision tronquée de la réalité parfois Mais une vision, lorsque la biographie est bien écrite qui peut nous autoriser à réfléchir sur le tout.
Ce qui pose problème ici avec la biograhpei c’est qu’elle petu nous entraîner sipplement sur les faits Or il faut pouvoir et devoir aller plus loin.



Nul n’ignore aujourd’hui qu l’histoire est une invention récente, du moins qu’est relativement récente la décision d’envisager le réel et les notions même apparemment les plus universelles, non plus subi specie æternam mais pour ainsi dire sous l’espèce de l’historicité… » p 82   (Renaut. Sosoe. Philosophie du droit.)
Cette perspective date en philosophie de ce que Cassirer a décrit comme la conquête du monde historique qu’il situe dans la manière dont le XVIIIème siècle sur la lancèe de Vico a découvert chez Montesquieu et Herder la diversité des formes de l’existence historique » p 82 (Cassirer. La philo des lumières p 207


La question du statut de l’histoire est souvent sujet de polémiques dans une société :confère reproches faits à l’égard de certains qui reprochent une histoire trop dirigée, une loi même est venue indiquer aux professeurs d’histoire en France comment expliquer l’histoire de la colonisation. Article 4 « montrer les bienfaits de la colonnisation ». Mais également, tout le débat autour du révisionisme. Certains qui soutiennent abus du crime nazi, d’autres qui souffrent dans des mémoires non reconnues. Mais également il convient de s’interroger sur l’utilisation que certains régimes ont fait de l’histoire ( confère les manuels d’histoire en France avant la guerre 14/18 exaltent la fibre patriotique) ou bien, ceux qui reprochent une vision de l’histoire trop axée sur une seule vision sociale. Alors qu’en est-il de l’histoire ? Celle-ci peut-elle prétendre à l’objectivité d’une science, si la science même est objective ? Ceux qui critiquent l’histoire ne sont-ils pas ceux qui en fait reprochent à celle-ci de n’avoir pas su trouver des moyens appropriés pour permettre d’en tirer une connaissance adéquate ? Voire  ceux qui se plaignent de l’histoire ne sont-ils pas ceux qui reprochent en fait à certains d’être victimes non de l’histoire mais de leur histoire ?   Mais peut-on se passer d’histoire ?

I  : L’histoire peut-elle être une science ?

Histoire peut s’entendre en plusieurs sens : une histoire c’est un récit. Mais histoire traduction du terme grec historiEn( s’enquérir) faire une enquête. L’histoire est une enquête. Chez Bacon, nous dit Lalande, l’histoire es « connaissance de l’individuel par usage de la mémoire… ». Histoire a à voir avec le passé,la mémoire. Mais peut-on considérer que cette histoire peut par elle-même être une science, peut-elle prétendre à une certaine objectivité ?    
Qu’entendons-nous par ce terme ? Deux sens au moins : pour la scolastique ,l’objectif Est-ce qui permet de saisir une réalité idéelle, qui existe indépendamment des sens. Mais dans le sens moderne, objectif, s’oppose à subjectif, implique ce qui est vrai sous tout rapport indépendamment du sujet, de sa relation du temps ou à l’espace. Peut-on par l’histoire saisir cette réalité autonome, voire proposer une histoire qui serait acceptable pour tous ?

A) Histoire outil de la mémoire

D’aucuns semblent le considiérer et telle est la thèse que Soutient Platon . Au livre X du même texte,il va récuser le poète sous prétexte qu’il ne présente que l’imitation du réel. Cependant dans la République VIII, il va nous présenter une succession de régimes qui nous permettra de comprendre le monde tel qu’il le voit dans sa réalité sensible. Car pour lui, deux vérités sensibles et intelligible( Phédon). L’histoire permet de capter la vérité sensible. Elle nous permet de comprendre les hommes tels qu’ils sont. Alors que la philosophie nous les présente tels qu’ils devraient être s’ils voulaient entrer dans la vraie réalité. La vision que Platon peut avoir de l’histoir reste cependant assez fataliste…Les hommes lorsqu’ils s’abandonnent à la dictature du fait, contre le droit subissent. L’histoire permet de comprendre ces réalités, ces retour de cycle, les permanences de la nature humaine. Exemple de cette permanence : rôle de la révolution industrielle au XIX ème siècle a bouleversé le monde de l emploi, l’organisation des villles. De même que l’invention de l’imprimerie a permis de découvrir et de faire avancer la modernité par le développement d’écrits scientifiques, philosophiques, par le développement des gazettes.
Cependant cette position peut poser problème : - à trop vouloir être informé par l’histoire ne risque-t-on pas de devenir « victime » de celle-ci ? De plus, qui nous assure que ce n’est pas notre vision de l’histoire que nous offrons plutôt que la véritable histoire ? En effet, rares que les hommes se mettent ok sur l’histoire. Ainsi découverte de l’imprimerie influence le nouveau monde. Mais pourtant, lorsque l’on approfondit un tant soit peu la question on se rend à l’évidence qu’en réalité l’imprimerie a été découverte selon certains par un certain Coster, hollandais vivant au début du 15ème siècle. Il aurait découvert les modèles mobiles. Gutemberg n’aurait que perfectionné cette découverte. Lucrèce même dans le De la nature en parlait. La première gazette seulement 16ème siècle T Renaudot va lancer la première gazette, le premier journal et qu’il faut chercher de ce côté-là sans doute. La modernité n’aurait-elle pas plutôt était influencée par Bacon qui, le premier a mis en évidence l’importance de la science expériementale ( 1214- 1294) ou du protestantisme Calvin (1509. 1564). Il instaure ses fondements à Genève. Luther (1483-1546) et Érasme(1469-1536) ?   Gallilé ne surviendra que 3OO ans après Bacon Gallilé(1564-1642). Ne peut-on pas soutenir que l’histoire ne peut être science ?  Donc une science qui se fonderait sur la seule mémoire, pourrait-elle être une science ? N est-elle pas plus exactement un outil de fiction ?

B) L’histoire et la fiction. On peut soutenir que l’histoire reposant exclusivement sur la mémoire, elle ne peut être science car mémoire trop faillible. Ou bien on peut considérer qu’elle ne peut être retenue car trop singulière.  Thèse Aristote Dans Poétique : Essentiellement parce qu’elle ne vise que le « particulier ». Or ce qui est « singulier » particulier ne peut être objet de science pour Aristote. Ce dernier en effet donne un sens très rigoureux à ce terme. L’épistémé c’Est-ce qui permet de saisir l’universel, le commun, ce qui est. Or l’être ne peut se saisir par ce qui est singulier.  Dans Nicomaque VI 3, il va considérer qu’il existe  « cinq formes d’activité par lesquelles l’âme exprime la vérité : l’art, la science, la prudence, la sagesse, l’intelligence… ». Il va alors proposer des définitions de chacune de ces moyens d’accés au vrai.  Or pour lui  le singulier ne peut être objet de science. Ne peut l être que ce qui est « éternel et nécessaire… ». Il va alors préciser que « la science est une disposition, permettant la démonstration ayant tous les caractères que nous spécifions dans nos analytiques. ..si l’on ne connaît que la conclusion du syllogisme, la science a un caractère accidentel… ».
En conséquence pour Aristote, tout ce que l’on appelle « science humaine », voulant étudier l’homme ne peut être science. Car difficile de faire de la science à partir du particulier. La science est déductive pour Aristote. Elle repose sur des principes or comment tirer des principes du particulier. Les principes se saisissent par l’intelligence seule. Pourquoi adopte-t-il cette thèse ? Il pense que les peuples ne font que placer leurs points de vue et leurs représentations sur l’histoire …Il faut en effet pour que nous puissons fonder une science que nous puissions faire en sorte de comprendre que les choses soient là, qu’elle soient présentes…..Or elles ne sont plus là, donc nous nous fondons sur ce qui est en nous…Nos « fantasma ta… » nos images….Et puis il craint « l’historicisme »….L’historicisme …(misère de l’historicisme) de Platon… Tout pour Aristote ne peut ainsi être décidé. Il pense en effet qu’il existe une part d’indétermination dans le monde et que l’homme seul par son action (energeia) peut le transformer. Donc il bannit toutes les logiques qui prétendent vouloir arrêter la vie. Pou lui la vie ne peut se saisir que par elle-même car elle a son moteur en elle-même. Tout ce qui prétend avoir une vue de surplomb sur elle s’égare ou veut nous égarer. Il semble ici que certains éléments le confirment dans sa vision. En effet, les visions de l’histoire diffèrent selon les peuples les époques. Pourtant difficile de nier les 2 grandes guerres d’Europe, la colonisation, l’esclavage…le génocide ruandais ou Juif….Pourtant si, certains historiens le font, le conteste. Fiorisson négationiste a été autorisé à soutenir sa thèse à l’université de Lyon il n’y pas si longtemps de cela. Demain peut-être un universitaire soutiendra que l’Amérique n’a jamais eu d’esclave…De plus qui se souvient des grandes guerres qui ont déchiré les continents…Tout peut s’oublier et l’on peut raconter d’autres histoires aux peuples. Ce qui gêne Aristote c’est précisément que l’histoire conduise parfois à des histoires.

Y a-t-il un point commun entre histoire et poésie ?

C’est bien ce que hume soutient de manière radicale dans l’enquête sur l’entendement humain section III. Il écrit (trad Leroy) « Pour retourner à la comparaison de l’histoire et de la poésie épique….nous pouvons conclure que puisque l’on réclame à toutes les productions une certaine unité, celle-ci ne peut pas plus faire défaut à l’histoire qu’à aucune autre ; qu’en histoire la connexion entre les différents évènements qui les unit en un seul corps c’est la relation de cause à effet, la même qui intervient en poésie épique et que dans cette dernière composition on réclame seulement que cette connexion soit plus étroite  et plus sensible en raison de la vivacité de l’imagination et de la force des passions que l’on doit toucher par ce récit…. » Il écrit alors pour conclure sur ce point «  comme la différence entre l’histoire et la poésie épique consiste seulement  dans le degré des connexions qui lient les uns aux autres les différents évènements dont se compose le sujet, il sera difficile sinon impossible  de déterminer avec les mots, les frontières qui les séparent l’une de l’autre… »   

Cette critique de la valeur des sciences humaines est une tradition établie chez de nombreux philosophes. Popper va écrire un livre pour dénoncer les « misères de l’historicisme ».. Il veut critiquer Hegel ou Platon  ou Marx qui voyait ainsi une raison dans l’histoire.  Texte d’un ouvrage de Hegel (p 201 manuel)…Il explique toutes ces péripéties . Il écrit «  Après ces troublantes considérations on se demande quelle est la fin de ces réalités individuelles ? Elles ne s’épuisent pas dans des buts particuliers. Tout doit contribuer à une œuvre. A la base de cet immense sacrifice de l’Esprit, doit se trouver une fin ultime . La question est de savoir si, sous le tumulte qui règne à la surface, ne s’accomplit pas une œuvre silencieuse et secrète dans laquelle sera conservée toute la force des phénomènes…. »   Et il conclut que l’histoire n’est finalement que l’œuvre de la raison.

Popper critiquera cette démarche car ce que Hégel soulignera ce sera une croyance en un progrès et donc un  oubli et une position arrogante par rapport à ce qui a été effet auparavant. Pourtant, ne pouvons-nous pas effectivement nous servir de l’histoire d’une part pour découvrir précisément ce qui se joue en profondeur, comme le demandait également Hegel et de plus pouvons nous passer de mémoire ? L‘histoire ne serait-elle précisément pas science en ce que la science est savoir et qu‘elle nous permettrait d‘avoir et d‘obtenir et d‘augmenter notre savoir. Le problème de l’histoire subjective ne tient-il pas plutôt qu’à l’histoire qu’ à une vision névrotique de l’histoire et vouloir nier l’histoire n’Est-ce pas  retomber dans cette névrose.

II) Peut-on sortir d’une histoire névrotique en ignorant l’histoire ?

L’homme névrotique nous rappelle Freud dans « introduction à la psychanalyse » c est celui qui va fleurir tous les jours le monument aux morts qui se trouve à Trafalgar Square. C’est celui qui s’enferme dans son passé. Cependant il y a deux manières de s’enfermer dans son passé : la première c’est de le voir de manière tronquée. Mais la seconde c’est de refuser son passé, de l’oublier, de ne pas vouloir le voir en face, ce que fait précisément celui qui se refuse à l’objectivité historique. L’histoire en soi n’est donc pas cause de névrose, elle peut en nous permettant de faire face objectivement à notre passé de précisément nous en délivrer. Aristote lui-même qui critique le caractère scientifique de l’histoire, reconnaît d’ailleurs dans Seconds Analytique II 19 que nos premiers principes nous viennent par induction…Pas de science sans mémoire et pour lui les animaux intelligents sont d’abord ce qui ont une mémoire. Donc comment éviter que nous soyons victimes de l’histoire ? On peut élargir champs de vision.

A) Les histoires au service de l’histoire.
Sous l’influence de l’école des annales, ce qu’on proposé de grands historiens qui ont bouleversé cette discipline Marc Bloch ou Lucien  Fevbre ou Fernand Braudel. Dans un texte « La méditéranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II (P 205) trois histoires  a) l’histoire « quasi immobile » qui met en présence l’homme et son milieu (les territoires, les climats…) b) une histoire sociale qui va s’intéresser aux groupes sociaux et c) une historie traditionnelle, l’histoire évenementielle de « Paul Lacombe et Simiand… ». Braudel aura une importance considérable sur notre histoire contemporaine. Il va inspirer de nouveaux livres en ce domaine. P Ariés histoire de la mort, de l’enfance.  Des histoires sociales ( histoire de la bourgeoisie….).  Florence Dupont (dir.) Façons de parler grec à Rome. Il s’agit ici de montre que Rome ne permet pas de montrer la vraie réalité sociale. Ainsi notamment on ne parlait pas latin à Rome. Ces textes et ces travaux permettent d’avoir des visions et de coupes intéressantes de nos sociétés et sont des sources d’informations précieuses pour celui qui veut tenter de la comprendre. 

Malgré cette ouverture les critiques vont continuer à se faire et s’opérer sur l’histoire. Elles vont s’organiser autour de la qualité des travaux de celle-ci et des alibis qu’elle autorise parfois.

B) L’histoire pensée. Cette passion pour l’histoire n’est-elle pas un moyen de nous aveugler et nous empêcher de voir le passé. Ainsi commémoration, cérémonies…un manière de se dédouaner…Retour à des formes de rites superstitieux, incantatoires. De plus masquer le présent. De plus, toute histoire dissimule une philsopohie cachée. Ce que rappelle Merleau « Sens et non sens dans l’histoire »…Une philosophie de l’histoire. Il faudrait que l’on nous explique pourquoi certains faits sont mis en évidence par certains historiens plutôt que d’autres. Problème, qui fera la philosophie de la philosophie ? Peut-on pour autant nous passer d’histoire ?
D’où vient l’intérêt de la philosophie pour l’histoire ?

Volonté d’introduire un recul sur une science et un savoir car l’objectif de la philosophie introduire un recul par l’introduction de la dimension critique dans l’esprit des sujets.
Volonté également de se départir de la logique et des pensées qui présentent une interrogation à partir de l’histoire de la phi mais également montrer que la philo ne peut se comprendre sans une certaine relation à l’histoire.
Apprendre à lire le présent à partir de l’histoire. ..Voir Hiedegger dans Science et méditation…Il indique que la culture grecque est encore présente en nous…Il réfléchit sur ce qu’est le réel et le présent..
Maissurtout sans doute mettre en évidence le vrai caractère névrotique de l’histoire : penser que le bonheur résulte et provient des « histoires »…On pense que l’on s’ennuie s’il n(y a pas de difficultés et de problèmes…Donc ce faisant ce la explique pourquoi on fait en sorte de ne ’s’intéresser qu’aux guerres aux problèmes…On ne cherche pas à voir ce qui va bien et comment faire pour que cela aille bien…On se repli vers l’histoire et alors a) risque de la fatalité b) risque également que l’on se refuse à vivre le présent dans sa présence….

Conclusion : Peut-on se passer d’histoire ? Réponse ; non car elle est le produit de la mémoire. Elle permet à celle-ci de se vivifier et en ce sens, nous ne pouvons nous passer d’histoire. Cependant, question « science » ou pas importe peu car tout savoir,même scientifique est probable jamais certain. Toutefois tout regard sur l’histoire implique un regard critique sur la vision même que nous pouvons avoir de cette histoire. Une épistémologie rigoureuse qui implique vérifications continuels sur les outils, les matériaux, mais également attitude morale sur histoire : implique ni abus, ni victimes, « faire l’histoire » plutôt qu’elle nous fasse.
Le problème  a propos de l’histoire c’est comment on se positionne face à elle…Le lus souvent déjà pour utiliser le présent, ne pas le voir ou le masquer..;Donc se faiant déjà là que se pose le problème….Exemple plutôt que de s’interroger sur la question des lois sur l’immigaration et le statut actuel de l’immigaration on se réfugie dans l’histoire…Cependant c’est une premiere  étape pour ensuite aller d’aller plus loin….Histoire forme un peuple…

Notons enfin que l'histoire aide à connaître un peuple et un présent. Entre l'historicisme et le singularisme, il est possibl de trouver une voie médianne : celle qui permet de trouver la vérité objective d'un peuple indépendamment de la "propagande" et ainsi qui permet de réellement le RENCONTRER...

11 décembre 2007

EQUITE

Bloc Politique Séance 2 L’’équité chez Aristote et l'évolution contemporaine du concept d'équité
Problématique : l'idée est de montrer ici que l'équité introduit la notion de "droit" et de "droiture" chez Aristote. Appliquer la loi ne suffit pas pour être dans la justice même s'il ne sépare pas l'une de l'autre. Pour lui est juste celui qui applique la loi avec équité. Cela signifie qu'en certaines occurrences l'homme "juste" peut ignorer la loi écrite. Cette position est fondamentale. Elle va faire prévaloir la lettre sur l'esprit et offrir une conception "occidentale" de l'idée de loi qui s'interprétera de plusieurs manières.  Pourtant ici Aristote applique la notion d'équité et  la prévalence de la loi "orale" sur la loi écrite pour les seules lois positives et ainsi présuppose l'idée d'une loi universelle à tous les hommes et qui s'applique au delà des "communautés". Cette notion est en lien direct avec la conception que les grecs se faisaient de l'homme politique. Sur ce point on lira avec intérêt le "politique" de Platon. Et notamment la relation que celui-ci fait entre le politique et la loi qu'il élabore(300d). Les modernes , dans leur majorité ont eu tendance à "exclure" au contraire l'équité du droit alors qu'elle était au coeur de celui-ci pour les grecs comme nous l'avons vu (au moins pour Aristote et Platon). Ce rejet s'explique par le souci d'uniformisation des décisions qui fut le leur. Aujourd'hui devant un tribunal il semble de plus en plus difficile d'invoquer l'équité. La loi écrite paraît s'imposer-du moins en apparence parfois-. Pourquoi ? Peur d'un retour au gouvernement des juges invoquait-on autrefois et d'un "retour des Parlements". Mais le pouvoir parlementaire serait-il si néfaste que cela ? La politique doit-elle nécessairement se penser de manière "présidentielle" avec un individu décidant pour tous et une loi s'appliquant uniformément à tous sans tenir compte de la spécificité de chaque situation et de notre imperfection face à la rédaction des lois et leur interprétations ? La bonne politique n'est elle pas celle qui s'élabore à plusieurs ? La vraie raison du politique n'est elle pas "collective" et ce collectif doit-il seulement s'entendre sur un seul temps ? L'apport des pensées d'autrefois ne nous serait-elle pas trés utile pour penser ce qui est "droit" ?    

A) Extraits sur l'équité chez Aristote
Si la justice est nécessairement individuelle, la loi n’a pas toujours raison. En conséquence,pour Aristote, le droit peut également se créer dans les tribunaux lorsqu’il est fait exception à celle-ci au nom de ce qu’il nomme l’équité. Comme le rappelle en effet, Michel Villey,le concept de droit est « double » pour Aristote (44). A côté du droit d’origine légale où le juste « devient tel par la décision arbitraire du législateur » il est un droit naturel qui s‘associe à un juste qui n‘est autre que  « le rapport conforme (au plan ordonné)de la nature »(45).
Ce droit « non écrit » est  désigné comme étant   « gravé » dans le « coeur » des hommes par ce dernier et ils en ont « l’intuition » (46). Il est, comme l’indique le Stagirite - en citant expressément  Sophocle et son Antigone-  constitué «  de règles inébranlables venues des dieux. Car ce n’est pas de maintenant ni d’hier c’est depuis toujours qu’elles sont en vigueur et  personne ne sait d’où vient leur lumière » (47). Il forme donc bien une « lumière » qui relève de « l’être des choses »(48). Il  unit ainsi les hommes ce même si ces derniers «  ne sont liés par aucune communauté ni par aucune relation contractuelle » et doit donc s’appliquer indifféremment au citoyen et au métèque, à l‘esclave et au maître.
Ce droit, pourrions-nous dire, « idéel » ou cet «esprit du droit »prime sur la loi écrite car il dit le juste « pris indépendamment de la loi écrite. »(49). Il donne ainsi l’équité qui n’est pas justice « selon la loi mais un correctif de la justice légale. » (50). Cette dernière peut aller « contre » la loi lorsqu’elle a « échappé » aux législateurs . Mais elle peut également s’effectuer « avec leur consentement » lorsqu’ils n’ont pu « déterminer l'espèce étant forcés de généraliser ou du moins de beaucoup étendre les applications possibles»(50a). En ce dernier cas, elle est l’exception « que le législateur aurait apporté explicitement…s’il avait su… » (51) .
L’équité est  semblable à cette règle de plomb qui est utilisée à Lesbos dans la « construction » et qui permet de mesurer les pierres en s’adaptant à la forme de celles-ci(52). Comme le notent conjointement MM Gauthier et Jolif, ainsi que Mr Brunschwig qui s’opposent à tort sur cette question, l’équité est donc à la fois «  source de droit et d’un droit supérieur puisque inscrit dans la nature »  comme le Stagirite l’expose dans sa rhétorique (53) . Mais elle est liée à « la matière des affaires pratiques » puisque celles-ci, sont tout autant dans une nature qui leur imposent  parfois statuer sur des futurs contingents qui peuvent contenir des possibles divergents, comme notre auteur le précise dans son Ethique(54).
User - avec prudence et en temps opportun- de la « règle écrite » et rigide qu’est la loi particulière ou de cette « règle » souple et non écrite qu’est l’équité est donc l’une des autres conditions requises pour pouvoir faire en sorte que la « décision » rendue ou même la loi qui sera votée, soient justes, qu’elle soit une « bonne exception ». Le bon juge ou le bon orateur est donc également celui qui sait opérer cette discrimination là. Puisque nous sommes dans le particulier, il n’y a pas de science mais tout ceci est affaire d’hexis nous l’avons noté. Aucune définition plus précise ne peut être donnée de l’équité.
Cependant, dans sa rhétorique Aristote propose quelques « exemples » pour l’illustrer et nous la faire mieux entendre. Il nous propose ainsi des hypothèses où l’équitable est présent. Sont ainsi équitables « les actes qui portent en eux-mêmes leur excuse ».  Alors qu’une « chose équitable c'est…d'excuser les actions humaines… de considérer non pas la loi mais le législateur,non pas lettre de cette loi mais la pensée du législateur, non pas l'action mais l'intention…de ne pas s'arrêter au cas particulier mais à l'application générale, de ne pas envisager le caractère de la personne jugée au moment présent mais ce  qu'elle a toujour été ou le plus souvent. ». L’homme équitable c’est évidemment celui qui accomplit tous ces actes mais aussi, notamment, celui qui se rappelle « le bien,plutôt que le mal qui aura été fait, et le bien qui (lui) a été fait plutôt que celui dont (il a été) auteur. C'est (celui qui sait)supporter une injustice…préférer le règlement d'une affaire par des explications plutôt que par des voies de fait…(celui qui préfère) aller en arbitrage plutôt qu'en justice » (55).
Cependant, choisir droitement la « droite règle », savoir user de l’équité ou de la loi écrite selon les cas qui se présentent à nous,est nécessaire mais non suffisant pour celui qui entend palier l’indétermination naturelle du judiciaire en faisant en sorte que celui-ci crée le droit par de justes exceptions. En effet, ce dernier doit également savoir qu’il est malséant de traiter également celui qui est foncièrement injuste et celui qui n’a fait qu’une injustice.    

Notes
(45)  M. Villey « Leçons d’histoire de la philosophie du droit » Dalloz 2ème édition par R. Sève 2002 p 29.   
(46). Rhétorique. 1373b.
(47)Ibid même paragraphe.
(48)  Rhétorique. 1373b
(49) Rhétorique  I.13 1374 a.
(50) Ethique à Nicomaque  1137 b 25.
(50a)  Rhétorique  I.13 1374 a.
(51) Ethique à Nicomaque 1137 b 23.
(52). Ethique à Nicomaque. 1137 b 30
(53) L’éthique à Nicomaque. TII Commentaire Livre I-V R A Gauthier et J Y Jolif Ed Peeters. Ed Nauwelaerts. 2002 p 433.
(54). « Rule and exception : on the aristotelian theory of Equity J. Brunschwig in « Rationality in grec thought edited by M Frede et G Striker. Oxford press. 1996 p 127
(55) Rhétorique I. 13 1374 b

B) Textes sur l'équité chez Aristote
Mais la loi non  écrite est  désignée comme étant   "gravée" dans le « coeur » des hommes. Ils en ont « l’intuition » ( Rhétorique. 1373b). Comme le rappelle Sophocle,  elle est constituée «  de règles inébranlables venues des dieux. Car ce n’est pas de maintenant ni d’hier c’est depuis toujours qu’elles sont en vigueur et  personne ne sait d’où vient leur lumière » (2).Elle relève,nous rappelle l’auteur de la Rhétorique qui cite d’ailleurs l’auteur d’Antigone, de « l’être des choses » ( Rhétorique. 1373b). Elle les unit ce même si « ces hommes ne sont liés par aucune communauté ni par aucune relation contractuelle ».
Cette loi naturelle permet alors d’introduire un nouveau correctif à la justice politique, celui d’équité. 
L’équitable «tout en étant supérieur à une certaine justice est lui-même juste et ce n’est pas comme appartenant à un genre différent qu’il est supérieur au juste. ». L’équitable donc entre dans la même catégorie que le juste. En fait il « n’est pas le juste selon la loi mais un correctif de la justice légale. »  1137 a 35. 1137b
Son existence, Aristote la justifie par le fait que « la loi qui n’est pas toujours parfaite. Cela ne vient pas du législateur mais « tient à la nature des choses puisque par leur essence même, la matière des choses de l’ordre pratique revêt ce caractère d’irrégularité… » 1137b 15. Il sert donc à éviter de « rencontrer l’erreur du au caractère absolu de la règle… ». 1137b 3O
Nous comprenons alors cette difficulté qu’il peut y avoir à saisir cette relation entre éternité et contingence qui paraît saisir le droit naturel. En fait tout ceci s’explique par le fait que «  Dans ce qui est indéterminé la règle aussi est indéterminé à la façon de la règle de plomb utilisée dans les constructions de Lesbos : de même que la règle épouse les contours de la pierre et n’est pas rigide, aussi le décret est adapté aux faits ». 1137.b 30
La règle « universelle » non écrite et la règle spécifique écrite sont donc toutes deux « matières » et elle ne deviennent « acte » que par la « forme » qui lui est donnée et qui dépend de la substance ou du particulier qui l’applique ou à l’encontre de qui elle est appliquée. L’équité est ainsi ce qui permet à la matière légale d’épouser exactement la forme du juste. Elle assure un véritable complément. Si donc cette matière « porte » le juste elle ne l’est pas nécessairement. Celui-ci ne se réalise que dans la rencontre des deux.   
L’homme équitable est donc celui qui parvient à trouver en toutes circonstances la « forme » adéquate. Mais par surcroît certains traits « matériels » permettent de le déterminer. Ainsi « L’homme équitable est celui  qui ne prend pas avantage de ses droits devant le tribunal si cela ne lui paraît pas approprié » RHET 1 13 1374. Il est celui « qui a tendance à choisir et à accomplir les actions équitables et ne s’en tient pas rigoureusement à ses droits dans le sens du pire ». Il a donc « tendance à prendre moins que son dû, bien qu’il ait la loi de son côté» (1137  b 35).
En d’autres termes, l’homme équitable est bien celui qui sait user avec justesse et justice de la loi. Mais celui-ci ne peut l’être s’il ignore cette justice particulière et s’il ne l’est avec lui-même. La justice alors s’entend aussi chez Aristote sous un angle plus « psychologique ».

"L'équitable c'est le juste pris indépendamment de la loi écrite. Or ce caractère se manifeste tantôt avec, tantôt sans le consentement des législateurs ; sans leur consentement lorsque le cas leur a échappé, avec lorsqu'ils ne peuvent déterminer l'espèce étant forcés de généraliser ou du moins de beaucoup étendre les applications possibles ou encore lorsqu'ils s'agit de choses que, faute de précédents, il est difficile de déterminer avec précision" Aristote   Rhétorique  I.13 1374 a
"Sont équitables les actes qui portent en eux-mêmes leur excuse...Une chose équitable c'est encore d'excuser les actions humaines, c'est de considérer non pas la loi mias le législateur,non pas lettre de cette loi mais la pensée du législateur, non pas l'action mais l'intention. C'est de ne pas s'arrêter au cas particulier mais à l'application générale, de ne pas envisager le caractère de la personne jugée au moment présent mais ce  qu'elle a toujour été ou le plus souvent. C'est se rappeler le bien,plutot que le mal qui aura été fait, et le bien qui nous a été fait plutot que celui dont nous sommes les auteurs. C'est de savoir supporter une injustice ; de préférer le réglement d'une affaire par des explications plutôt que par des voies de fait. C'est de vouloir aller en arbitrage plutôt qu'en justice , car l'arbitre considère le côté équitable des choses, tandis que le juge ne considère que la loi et l'arbitre a été institué dans le but de faire prévaloir le point de vue de l'équité   
" rhétorique I. 13 1374 b

Il y a donc l’équité mais aussi il y a le fait que le juste et l’injuste se détermine par une forme de casuistique, dont il donne le détail minutieux à la fin du Livre I de la Rhétorique…Ainsi l’acte peut être injuste de plusieurs points de vue, « de sa portée( de l’intention de son auteur) ou du dommage qui en est la conséquence…. » Il est plus injuste s’il « n’entraîne pas une punition d’égale importance…(ou si) la personne préjudiciée ne peut obtenir justice »  Rhét.I.14 1374 b. De même l’acte est plus grave si « on tombe toujours dans la même faute…ou de commettre une action telle, que l’on ait à chercher contre son auteur de nouvelles mesures préventives et répressives…L’acte injuste est d’autant plus grave qu’il se produit d’une façon plus brutale ou avec plus de préméditation ; de même celui dont le récit inspire plus de terreur que de pitié…L’injustice de faux témoignage est plus grave encore…Car en quel lieu (les faux témoins ne commettraient-ils pas d’injustice ) s’ils s’en rendent coupables jusque dans l’enceinte du tribunal ? …L’injustice est plus grave encore lorsqu’on agit contrairement aux règles de justice non inscrites dans la loi. Car on est d’autant plus honnête que l’on pratique la justice sans obéir à la nécessité ; or les obligations écrites supposent une nécessité mais celles qui ne sont pas écrites non… A un autre point de vue, il y a injustice grave si l’on agit contrairement à des obligations écrites. En effet, celui qui commet des injustices dont les conséquences sont redoutables et dont il est justiciable, serait capable d’en commettre dans des circonstances ou manque la sanction pénale »Rhét.I.14 1375a
C. Albiges «  De l’équité en droit privé ». LGDJ  2000
« Un principe d’exclusion de l’équité fut consacré sous l’impulsion des philosophes du XVIIIème siècle et des hommes de la révolution : quelle que soit l’appréciation portée à l’égard de la loi , celle-ci doit nécessairement s’appliquer par le juge…ce principe a été instauré en droit privé et reconnu à plusieurs reprises par la cour de cassation » p 91 « il est cependant indéniable que des tempérament…à ce principe d’exclusion peuvent être énoncés » p 103 « le terme d’équité a mauvaise presse au sein de la matière juridique…. » p 108 «  pourtant le législateur a prévu des cas ou l’équité peut être un outil de jugement et il s’avère que le législateur n’est pas le seul à assurer la mise en œuvre de la notion car le juge , au cour de l’élaboration de la décision peut effectuer une référence à l’équité de manière cachée implicite en raison de considérations directement liées  à l’espèce ….certaines dispositions introduites par le législateur  en droit privé français notamment effectuent de manière expresse ou tacite une référence à l‘équité» p 109  « mais il ne s’agit que de références ponctuelles, exceptionnelles,…elles permettent à l’organe tenu de statuer  de s’affranchir du droit positif en vigueur… » p 111 « selon l’analyse inspirée des écrits d’Aristote, les recours à la notion sont justifiés par la recherche d’un meilleur traitement de l’individu dans son cas particulier et compte tenu de sa situation spéciale » p. 118
Mais du mal à la définir. L’auteur écrit «  au même titre que d’autres notions, l’équité permet d’opposer le raisonnement du juge empreint de sensibilité, de justice au raisonnement qualifié de froid, d’insensible d’une machine » p 119
Mais le plus souvent lorsque le magistrat statue en équité il doit « habiller l’équité de son nécessaire vêtement juridique » p 123
(ce qui veut dire que personne ne peut contrôler…)
« Les motivations d’une référence à l’équité…sont doubles et complémentaires : assurer la recherche de l’individualisation de la solution de droit et garantir un équilibre entre des intérêts divergents » p 128
Mais il y a aussi « une fonction correctrice de l’équité…Ce tempérament s’impose quand le droit légiféré est considéré comme indapté en raisons des circonstances liées à l’espèce » p 167. Elle « assouplit la règle ».
Mais elle a également une fonction supplétive « elle permet au juge d’intervenir et de combler la déficience d’un texte au nom de l’équité et des exigences du cas particulier » p 270

Sous la direction de T. Lambert « Egalité et équité. Antagonisme ou complémentarité ? ». Economica 1999
Articles :
P. Raynaud « L’équité dans la philosophie politique. » « Dans l’histoire de la philosophie politique, la notion d’équité renvoie avant tout aux conditions de réalisation de la justice ou du droit qui peuvent conduire à s’écarter de la loi pour mieux réaliser ses fins » p 3
« On s’accorde en général à considérer que la première élaboration philosophique de la notion d’équité se trouve chez Aristote qui propose de distinguer  l’ équité (épikéia) de l’équitable(epiekes) de la justice(dikaiosuné) et du juste (dikAion)…La solution d’Aristote consiste finalement à distinguer deux espèces ou genre du justice, la justice légale et l‘équité. Dans la plupart des cas, la justice consiste à appliquer la loi qui est par définition générale inversement lorsque survient un cas en dehors de la règle générale la justice exigera que l’on se substitue au législateur pour suppléer et corriger la loi l’équitable est donc un correctif de la loi, là où la loi a manqué de statuer à cause de sa généralité… » p 5
« Ces analyses évoquent irrésistiblement un précédent célèbre dans la philosophie grecque : celui de la critique de l’imperfection de la loi qui conduit Platon , dans la politique à affirmer la supériorité du pouvoir absolu du politique détenteur de l’art royal sur toutes les autres constitutions » p 5 (Politiques 301. Lois IX. 875 a-d)
« la critique platonicienne de l’imperfection de la loi présente trois caractères notables. En premier lieu, elle repose sur un modèle monarchique dans lequel le politique exerce par ailleurs une autorité que la plupart des grecs auraient sans doute jugé à la fois despotique ( l’autorité politique est semblable à celle du chef de famille) et tyrannique (le chef peut s’affranchir de la légalité)…Aristote se distingue ici point par point de Platon pour développer des thèses beaucoup plus proches des conceptions communes des grecs…tout en esquissant une philosophie originale de l’art judiciaire » p 5
« La présentation qu’Aristote donne de l’équité, le modèle philosophique implicite est moins celui du gouvernant que celui du juge…L’équitable aristotélicien est simplement invité à suppléer les insuffisances de la loi en se guidant sur elle et en cherchant à trouver ce qu’eut dit le législateur lui-même s’il avait été présent( Nico 1137 a 19)…Aristote apparaît …le plus souvent comme un défenseur de l’autorité de la loi qui jouit d’une supériorité de principe du fait de sa généralité et de son enracinement dans la délibération, là ou le juge est au contraire borné par la considération du cas dont il a à connaître » p 6 « le magistrat ne doit pas se substituer au législateur mais simplement se faire l’interprète de ce qu’il eut dit si lui-même avait été présent à ce moment et de ce qui aurait été porté dans la loi s’il avait connu le cas en question » (Nico V. 14. 1137b)….Loin de fonder un quelconque gouvernement des juges sous couvert du règne du droit, la théorie aristotélicienne de l’équité s’inscrit dans une philosophie qui n’accorde au droit qu’une importance seconde dans la compréhension de l’existence humaine….Dans la philosophie de Hobbes, le règne du droit  est le but de l’état civil mais ce but ne peut être atteint que par une étroite subordination de l’autorité des juges à celle du souverain : les juges ont donc pour tâche  première d’appliquer les lois en suivant l’intention du législateur  et lorsqu’il semble arriver qu’ils s’inspirent de la coutume ou qu’ils posent  eux-mêmes du droit, c’est parce que le souverain a préalablement posé qu’en l’absence de loi contraire les règles coutumières ou jurisprudentielles auraient force légale( il cite les dialogues des common laW Vrin 1990 p. 8.  « C’est l’autorité, non la vérité qui fait la loi…Dans le Léviathan il plaide pour le respect du sens littéral de la loi car l’intention du législateur est toujours supposée conforme à l’équité. Le juge doit donc si le texte de la loi n’aurotise pas pleinement une sentence raisonnable le compléter par la loi de nature ou si le cas difficile ajourner sa décision jusqu’à ce qu’il ait recu un mandat plus détailler. Leviathan Chapitre XXVI « dans le dialogue des common las il s’appuie sur la distinction anglaise entre les cours ordinaires qui jugent selon le droit et la cour de la chancellerie qui juge en équité pour faire de celle-ci l’attribut exclusif du roi, dont la chancellerie n’est qu’un agent et qui contrairement aux juges n’est tenu par aucune loi sauf celle de l’équité ( p 49. 50). Chez Hobbes qui incarne de la manière la plus claire le versant absolutiste de la philosophie politique moderne l’équité vient donc renforcer les prérogatives du souverain au détriment de celle du juge… » p 8
« Chez Kant l’équité est un droit équivoque ( comme le droit de nécessité) donc un droit sans contrainte….Elle fait signe vers le droit parce qu’elle se présente clairement come irréductible à une simple exigence morale » p 9 (Doctrine du Droit) » p 10 «  Kant reprend l’exemple anglais pour montrer que la notion d’un tribunal de l’équité contient en elle-même une contradiction…Kant se rencontre ainsi avec Hobbes pour interdire aux tribunaux ordinaires de recourir à l’équité et pour renvoyer celle-ci aux prérogatives du prince » p 10
Les conclusion du Doyen Vedel sont les suivantes «  L’égalité est une notion juridique , par conséquent elle peut se couler dans les moules du droit; l’équité en revanche n’est pas une notion juridique mais d’abord éthique. Sans doute dans la vie juridique réelle qu’il  s’agisse du législateur , de l’administrateur, du juge, chacun mêle un peu d’égalité et d’équité               



16 novembre 2007

NOTES SUR L ART

QU EST CE QUE L art ET QUAND POUVONS NOUS DIRE QUE QUELQUE CHOSE EST BEAU ?
Nous nous proposons d'ouvrir le débat par cette question qui nous parâit importante. Quel lien à faire entre l'art et le beau ? Ce lien existe mais comment l'opérer ?D'ores et déjà un lien dans la "mutabilité" ou la mutation : l'art serait devenu pluriel et nous savons qu'il y a une part de "relativité" dans l'expression ou la sensation du beau. Le beau semble être du domaine de l'intime,du personnel du propre...Alors deux questions : ne pouvons définir un art , trouver une définition commune à l'art et de même pour le beau ; est-il impossible de le définir ? Devons nous accepter que le beau a une définition différente pour chacun d'entre nous ?
Pour répondre à cette question, je vais tenter en quatre étapes de tenter de faire émerger et l'art et le beau et leur relation à partir d'autres relations entre l'art et d'autres choses qu'il n'est pas mais qui peuvent peut-être permettre de saisir ce qu'il est.   

I )La relation de l'histoire et de la politique :  L'artiste peut-il  se confondre avec l'homme politique ? Non, car en fait, si on réfléchit, Platon a raison de noter que l'artiste est celui qui est dans l'imitation or il est difficile de vouloir prétendre être et conaître la politique si l'on reste dans l'imitation. De plus, risque de leurre. Enfin, l'artiste est celui qui a besoin de vendre ses oeuvres et ce faisant il peut chercher à plaire à une certaine partie de la population uniquement pour pouvoir vendre ces oeuvres mais ne pas chercher à oeuvrer pour le politique. Pourtant, il n'en demeure pas moins que l'artiste s'autorise à intervenir dans le champs politique et même on assiste à une confusion du politique et de l'art. Pourquoi ?  Parce que l'artiste a une possibilité d'émotion. Or parfois, il est possible d'alerter une population par le canal ( Picasso, Guernica. Chaplin, "Le dictateur", Goya et ses tableaux propres à dénoncer l'occupation de l'Espagne par les troupes de Napoléon...). Mais il y a une raison plus profonde qui est peut-être liée à notre nature, à notre tradition qui est celle du génie. Or le concept de génie a l'origine trouve son origine dans un concept politique.  Le génie : indéclinaison du concept de législateur d'exception. Pour le prouver, il nous faut en premier lieu mettre en évidence les points communs qui unissent les deux termes. Pour ce faire, nous lirons deux auteurs qui ont, pour le premier (Schopenhauer) tracé une typologie du génie et pour le second (Rousseau)proposé une description du législateur d'exception.
Il faut noter que les anciens ne pensaient pas que l’homme était « bon » mais qu’il etait social.Cela signifiait que pour eux nou savions tous besoin les uns des autres pour nous améliorer et nous rendre meilleur moralement. Nous aviosn besoin de la cité…Pas question de bonté ou de méchanceté initiale ici….Mais plutôt une question liée au fait qu’il y a inégalité entre les hommes….Et que certains peuvent conduire d’autres à l’amélioration car eux sont de meilleur « nature » que d’autres. C’est cela que nous avons rejeté et comprends très bien  Léo Strauss mais ne dit pas.   La modernité s'est construite sur l'amour de l'égalité et le refus de considérer ou peut-être même chez certains si ce n'est la haine du meilleur, le refus de considéere ce point là....Ce qui est drôel en même temps c'est toujours une volonté de reconstruire une élite ... le travail sur Sieyés est d'ailleurs trés important. Si ce n'est dans l'art...L'attitude étrange qu'ils ont pu adopter à travers l'art..

Au livre II chapitre VII de son contrat social(2) Rousseau nous dessine en effet un être d'exception : le législateur qui est "  à tous égard un homme extraordinaire dans l'Etat...par son génie." Il "préside aux établissements durables" et sa force lui vient de « sa grande âme…vrai miracle qui doit prouver sa mission..." . Le législateur a donc une "mission" mais c‘est bien un homme d‘exception inspiré qui voit plus loin et plus haut que ses semblables et qui fait la loi.
Pas de religiosité aussi affirmée chez Schopenhauer; cependant le génie qu'il décrit dans "Le monde comme représentation et comme volonté" (3) ressemble à s'y méprendre à ce personnage. Comme le législateur rousseauiste, il dispose d’une intelligence hors du commun. Il se distingue du "vulgaire" par sa capacité à voir au-delà pour le "bien commun".(p 240). Cette force, lui vient d’une intelligence supérieure de nature"intuitive" .Comme le législateur, le génie est un être rare, contrairement à l'homme ordinaire : "ce produit industriel que la nature fabrique à raison de plusieurs milliers par jour'"p( 242). De plus, il est mieux doté que l’homme de talent car il « atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir..." (p 1121).
D'ou nous viennent ces proximités entre génie et législateur ? Un seul élément l'explique, selon nous, le génie est  une indéclinaison - à savoir une « transformation » aux conditions indiquées plus avant - du législateur d'exception.  La philosophie a en quelque sorte changé de paradigme, lorsque sa version"moderne" se trouva dans l incapacité de donner vie au législateur rousseauiste, figure idéale et improbable pour celle-ci et ce au moins pour trois raisons . a)le législateur  était en effet emprunt de religiosité car Rousseau proposait des modèles religieux (Moise ou Mahomet) pour le déterminer. Or la modernité devait se construire contre les religions et plus encore contre celles que Rousseau devait prendre pour modèle (ou au moins l’une d’entre elles). Elle ne pouvait donc aisément mettre en place des régimes dirigés par un épigone de Moise ou de Mohamed.Il lui falait trouver un  autre concept qui permettrait de maintenir l'enseignement au peuple sans s'encombrer de ce personnage improbable qu'était le législateur.  b) La fonction de législateur  ne pouvait également être retenue car, selon Rousseau, celle-ci devait être occupée  par "un étranger" or dans ses fondements même, la modernité devait être nationale. Elle ne pouvait donc envisager des constitutions juridiues ayant pour effet de placer  un non national à la tête des institutions. c) Mais ce qui compliquait la tâche était qu’il ne pouvait être envisagé de place « institutionnelle » pour le législateur Rousseauiste. Car notre auteur avait précisé que son « génie » ne devait posséder aucun statut juridique (Jean-Jacques écrivait en effet : cet emploi (celui du législateur)  qui " constitue la république... n'entre point dans sa constitution"). Or la modernité devait être ordonnée autour du concept de droit écrit . Il était donc impossible d’envisager, pour elle, un être hors la loi  dont la mission  devait être de la dire.
Le législateur roussauiste était donc impraticable pour les modernes et il était impératif que ceux-ci cherchent « un dérivatif ». Certains politiques crurent l’incarner pour un temps ( Robespierre ou Napoléon) mais ce fut l’empire ou la dictature et les régimes qu'ils instituèrent, devaient  laisser des souvenirs contrastés qui contredisaient tous les espoirs des lumières. Le génie apparut alors chez Kant. Il devait permettre, comme toutes les indéclinaisons, de répondre aux besoins satisfaits par le terme de législateur sans pour autant faire naître les mêmes difficultés conceptuelles ou pratiques que le dernier nommé (4).
Le génie Kantien pouvait être extérieur et exceptionnel. Il ne donnerait  cependant pas ses règles au droit mais à l'art (voire à la science dans une acception plus française de la lecture kantienne). Il ne risquerait donc pas de susciter un Bonaparte, voire un Robespierre, mais pourrait tout autant éduquer le peuple et le conduire ainsi vers une « lumière » qu‘il était incapable de contempler par lui-même.
Le génie prendra la place du législateur. Il tentera - tel Hugo, Zola ou Goethe- de préparer les foules au vrai savoir. Toutefois, il finira par faire oublier que le  législateur d’exception - son père conceptuel en quelque sorte - était lui-même l’indéclinaison d’un autre terme : celui du législateur prophète. Donc artiste peut avoir une mission d'éducateur.

En conclusion, artiste peut émouvoir. Il peut apprendre. Il peut permettre une expression. Ce besoin d'expression dans des sociétés ou tout le monde veut exister pour lui même peut expliquer la présence et la prégnance de l'art car dans le même temps, le repli interdit la véritable relation politique.Finalement l'artiste "joue" de cette ambiguité là de nos sociétés. L'art véhicule ou il permet de véhiculer une "sensation" un sentiment...L'art comme le politique transporte. Mais il ne transporte pas de la même manière. Le politique nous renvoie à l'intelligible à ce qu'il faut faire à ce que l'on doit faire pour être dans le juste. Le politique pense des solutions et propose. L'art lui permet simplement d'exprimer des ressentis...Pas nécessairement de bien les penser, de les rendre intelligibles.. Deux questions  : ne serait-il qu'un langage ou au contraire un moyen de nous éviter de penser puisqu'il nous laisse dans le seul ressenti.

II) L'art dans sa relation au langagecomme langage et au divertissement

Part indéniable de divertissement dans l'art...Mais quid de ce divertissement...Son origine...? Pascal écrit  :  "Les hommes ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l'occupation au dehors, qui vient du ressentiment de leur misère continuelle. Et ils ont un autre instinct secret qui reste de la grandeur de leur première nature, qui leur fait connaître, que le bonheur n'est en effet que dans le repos. Et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un projet confus, qui se cache à leur vue dans le fonds de leur âme, [203] qui les porte à tendre au repos par l'agitation, et à se figurer toujours, que la satisfaction qu'ils n'ont point leur arrivera, si, en surmontant quelques difficultés qu'ils envisagent, ils peuvent s'ouvrir par là la porte au repos.
Ainsi s'écoule toute la vie. On cherche le repos en combattant quelques obstacles ; et si on les a surmontés, le repos devient insupportable. Car, ou l'on pense aux misères qu'on a, ou à celles dont on est menacé. Et quand on se verrait même assez à l'abri de toutes parts, l'ennui de son autorité privée ne laisserait pas de sortir du fonds du coeur, où il a ses racines naturelles, et de remplir l'esprit de son venin. »

L'art nous éloigne et cela explique pourquoi Platon voulait exclure les artistes de la cité. Il nous éloigne parfois d'une certaine forme de pensée intelligible. Cependant nosu avons vu qu'en même temps il "véhiculait" autre chose que lui-même : des sensations.. L'art ne serait-il qu'un langage et si oui quel langage particulier ?

iMaginons une personne qui ne pourrait pas bien se sentir à l'aise dans une culture, alors il créerait la sienne. C'est cela le rap, ou cela finalement la peinture impressioniste. Ou bien quelqu'un qui ne serait pas à l'aise avec les régles du langage va se réfugier dans musique ou peinture. Mais également, quelqu'un qui nse serait pas à l'aiser avec le réel...En ce cas, il peut trouver refuge dans l'art. C  est ce que Freud met en évidence dans introduction à la psy lorsqu'il parle de sublimation. On va exprimer par l'art tout ce qui est dans notre inconscient. Mais problème justement. On se repli dans notre imaginaire. On peut se couper du réel. Ce qu'écrit Merleau dans 'l oeil de l'esprit " : A l'écrivain, au philosophe on demande son avis, on n'admet pas qu'ils tiennent le monde en suspens, on veut qu'ils prennent position, ils ne peuvent décliner la responsabilité de l'homme parlant...Le peintre est seul à avoir droit de reagrd sur toutes choses san saucun devoir d'appréciation....On en veut pas à Czanne d'avoir vécu caché à l'estaque pendant la guerre de 1870, tout le monde cite avec respect son " c'est effrayant la vie.. Comme s'il y avait dans l'occupation du peintre une urgence qui passe toute urgence..." Mais question justement, cet imaginaire n'est-il pas précisément le lieu qui me permet de me protéger du réel, de l'extérieur, l'expression d'un monde à moi. Cette relation à l'identité que va autoriser l'art, ne la retrouve t on pas précisément dans cette relation que l'art entretient avec l'esthétique ? La volonté de s'affirmer des groupes, leur donne le besoin de se constituter un langage propre, d'ou l'art comme moyen de constituer ce langage.
L'art donc me met en contact avc la part "imagée" de moi-même avec ce qui ne se met pas nécessairement en mots...Il offre un langage ainsi qui refuse peut-être la "normalité" des mots. L'art permet d'exprimer des choses que l'on pourait trouver anormal. Il nous sort ainsi de nous même ou d'un nous même qui serait trop brimé par nous...Ainsi parfois s'explique ce sentiment que nosu avons lorsque nous écoutons une musique triste...Elle est là, présente et ce meme si ce sentiment d'être avec nous meme a ce moment dépasse le normal...Seulement du sentiment ? De l'esthétique.

III Les relations de l'art et l'esthétique.  On peut peut-être effectivement se demander qu'est ce qui se joue au XIXème lorsque l'art émerge et avec lui la notion d'esthétique. CFJ §46 "Le génie est le talent naturel qui donne à l'art ses régles...Le génie est la disposition innée de l'esprit par l'intermédiaire de laquelle la nature donne à l'art ses règles...."( Donc cela signifie en fait qu'il est celui qui "devine" les règles que la nature lui transmet. Il dit les règles.   

La beauté nous dit Kant est belle de manière universelle et sans concept. (CFJ)  Donc il devient difficile de trouver une définition à ce qui est beau. Cela permet au beau d'être un langage plus libre que la question même des autres langages qui eux sont enfermés dans des régles plus strictes. Il va d'ailleurs le préciser § 43 de la CFJ "en droit on ne devrait appeler art que la production par liberté, c est à dire par un libre arbitre qui met la raison au fondement de ses actions. . En ce que ce qui est beau m'appartient, je peux l'exprimer par moi-même. L'art devient expression de ma liberté, de ma singularité. D'ou les travaux des impressionistes, d'auteur comme Duchamp, etc...Il s'agit d'être subversif, d'aller contre pour se poser. L'artiste est révolutionnaire. Ou bien peut exprimer des révoltes : Zola, son travail social. L'assomoir, Nana. Ou Balzac qui veut dépeindre la société bourgeoise du 19ème siécle. Flaubert qui veut, dans Mme Bovary montrer la vie des femmes à une époque. Warhol qui avec ses boites de soupe veut montrer importance société de consomation et beauté de celle-ci. Pourtant lisière avec le politique ici. Les peintres de Barbizon qui peignent des arbres car les arbres se perdent.Ou des auteurs comme Armand qui veulent montrer importance de la matière. Mais n'offrent-ils  pas une vision tronquée ? Non,nous l avons dit des émotions. Toutefois, art aujourd'hui quel est-il sentiment qu'il y a deux arts : l'art confidentiel, des galeries, l'art contemporain, du marché de l'art, la musique "moderne," la litterature moderne la philosophie moderne réservée à quelques initiés et de l'autre un art de masse qui est tout entier tourné vers le divertissement, la distracion et qui mélange les genres ou qui permet de se reconnaître dans un genre ? Art ne serait-elle pas expression d'un genre ? Idema que précédemmment, on peut considérer que l'esthétique n'est qu'en fait qu'un moyen de faire de la politique sans en faire.
L'art permet donc la pénétration dans d'autres mondes, des mondes que la normalité a parfois fermé. Cela explique précisémetn qu'il soit divers...Plusieurs "formes" d'art. Sa mission est précisément aussi d'explorer ce divers là....Mais ce divers n'est il qu'un divers relatif propre à des générations, des époques ?   

IV) Les relations de l'art avec le social.
ICI ON RETROUVE L OPPOSITION IDEALISTE/ EMPIRISTE

L'idéaliste : le  beau peut être porté par l'art et ainsi nous permet d'exprimer ce que la raison n'exprime pas, d'aller au dela du ciel des idées, aller vers l'universel...Faux relatif et double critique sociale et "constructiviste" de l'art.
Art c'est la peinture mais également littérature, musique,cinéma. On ne peut comme le fait Merleau Ponty distinguer le peintre du musicien voire de l'écrivain et en un sens du philosophe. Tous participent de la culture pour le public. Il semble qu'il y ait plusieurs cultures, la culture de l'école, la culture de masse, la culture de l'élite. Finalemnt art ne serait-il pas expression de ces genres ? C'est ce que soutiennent Bourdieu et Passeron dans les héritiers. Mais cela peut-être vrai aussi pour culture jeune, se retrouver entre groupe, écouter les mêmes musiques, voir certains films. Ce qui est étrange est que ces cultures ne comuniquent pas. Ce qui est étrange que art est devenu moyen d'expression favori des différents groupes sociaux. Ces régles de l'art sont bien noté par Goodman (Quand y a til de l'art ?") " Ce qui est art est ce qui s'inscrit à un moment précis dans un ordre symbolique donné..." Exemple " le creusement d'un trou fonctinne comme une oeuvre dans la mesure ou notre attention est dirigée vers lui en tant que symbole exemplifiant..." Il faut le saisir en tant que tel...Donc pourquoi savoir lire ? ? Question d'évolution ? C'est ce que soutient Hegel de manière implicite dans "ses cours d'esthétique". Un jour même il pense que l'art sera dépassé. Donc pour lui l'art qui serait le plus intéressant serait celui qui serait dégagé de toute matérialité . Il écrit " l'art n'apporte plus aux besoins spirituels cette satisfaction que des époques et des nations du passé  ont cherché et n'ont trouvée qu'en lui...Les beaux jours del 'art grec, l'age d'or du moyn age tardif ne sont plus...L'art ne procure plus d'émotions mais il "nous invite à présent à l'examnier par la pensée et ce non pas pour susciter un renouveau artistique mais pour reconnaitre scientifiquement ce qu'est l'art...". Pour Hegel d'ailleurs il y avait un progrés en art et plus un art était noble et moins il était matériel. Cependant cette disparition de l'art est fausse. L'art n'a jamais été aussi présent dans nos sociétés. Les peintres contemporains, traviallent sur la matière - barbizon ou l arte povera ou boltansky ou Armand...- De plus cette vision trés méprisante. Alors quoi ?
Peut-être revenir à notre réflexion première . D'un certain poiint de vue parce qu'elle a pris la place de la politique. Oui mais cependant ce n'est plus vraiment des génies mais des stars. La star produit de l'art de masse et l'art en tant que marché. l n'y a qu'a voir aujourd'hui tous les débats sur le téléchargement. Peut-être aussi parce que l'art a pris la place de la religion. Ceci est établi notamment si nous revenons à ce concept de génie. Génie législateur mais législateur prophète.

FACE AUX DEUX OPTIONS UN VOIE MEDIANE A CEPENDANT ETE DESSINEE PLUS AVANT : Il y a une part de relativité dans la définition de l'art et de ce qui est beau : car comme l'art exprime notre sensibilité, notre ressenti et comme ce ressenti est toujours relatif en dépendance par rapport à autre chose...Alors ce que nous considérons comme beau peut parfois varier selon les âges, les époques, les situations...Nous sommes révoltés nous trouverons beau ce qui exprime notre révolte,triste ce qui permet d'exprimer notre tristesse...etc...Malgré cela nous ne pouvons pas dire qu'il y a plusieurs manières de définir l'art et le beau...Certes il y a intéret d'une telle position car elle évite que certains puissent dire autoritairement ce qui est beau ou ce qui est art...Kant a eu raison ( sans concept et le génie peut créer ses propres règles...Art lieu de la liberté et le beau s'il est défini trop rigidement alors censure)  mais en même temps danger du relativisme car tout ne peut pas être de l'art, tout ne peut pas être beau. Il y a de laideur et il y a du non art. Les juristes soutiennet art quand il y a création. Mais qu'est ce que créer ? Créer c'est ouvrir et l'art est ce qui ouvre vers une forme du beau...Et ce beau est là lorsqu'il permet de faire place soit à un être (qui sans cela n'aurait pas pu s'exprimer) soit à quelque chose en nous qui ressentait le besoin de s'exprimer par ce truchement et ne trouvait pas d'autre moyen d'expression. Le beau est ce qui fait une place et l'art est donc ce qui permet à ce beau de se créer ou de se trouver. 




Conclusion . Qu'est ce que l'art ? Part de divertissement, de langage et parfois un lien avec le politique...Mais ce qui fait que l'art soit pluriel et que nous considérions qu'un geste sportif est beau ou un tableau ou une musique belle, ce qui rassemble cela c'est l'unité du beau..De même ce qui rassemble toutes les diverses formes d'art...Ce rassemblement peut s'opérer dans une définition "médiane" qui ne soit ni idéaliste, ni trop relativiste...Une définition qui accepterait et porterait des apparents contraires...L'art est ce qui permet de "porter" le beau, de le découvrir ou de le rechercher. Il est ce lieu ou l'on cherche et  l'on trouve parfois le beau...Mais de quel beau parlons-nous ici ? D'un beau qui saurait - si est celui que l'artiste cherche à promouvoir - que pour être beau il faut être en mesure de faire place à tout ce qui importe aux individus sensibles que nous sommes. L'art porte le beau. Il lui permet en quelque sorte de se trouver et de s'exprimer et ainsi de faire naitre des lieux dans lesquels tout ce qui est sensible en nous - et qui peut varier en fonction de ce que nous vivons, le sensible étant par définition "relatif" donc en relation et dépendant de ce que nous vivons , peut trouver une place. Ainsi nous nous demandions qu'est ce qui fait que nous trouvons "belle" l'action de tel sportif, beau un tableau qui se "mêle" de politique. Nous trouvons cet ensemble "beau" car a un moment il fait "place" à ce qui vit en nous et qui ne pourrait pas vivre autrement que par l'art...L'art ainsi est nécessairement et toujours présente avec le juste. Lorsqu'il y a du juste il y a de l'art - car le juste fait à  chacun la place qui lui revient il sait la mesurer....Lart, agissant dans le sensible, ne compte, pas il n'évalue pas. Il ne mesure pas...Il "sent" et cependant il est un art qui porte le beau, lorsqu'il sent bien c'est à dire lorsqu'il permet aux sensations qui vivent de trouver une place...Peut-être pas la place qui leur revient tout àfait mais une place qu'il nous importera ensuite de méditer, de réfléchir de penser et de relier au juste pour faire en sorte que cette place là soit celle qui convient   
IL Ya cependant trois formes d'art : l'art de masse qui sert à divertir les masses et leur fait oublier leur misère et leur tourment, l'art luxueux qui laisse croire à certains qu'ils n'appartiennent pas à cette "masse" et qui aussi se divertissent de la sorte en sentant qu'ils ne sont pas "misérables en ce sens....Mais ces deux arts sont misères; Ils oublient le véritable art qui est celui qui "soigne" parce qu'il fait rappel à ce qui est soigné. Il nous montre qu'il y a du soin et de la beauté dans le monde. Contrairement à ce que pense Pascal, il n'y a donc pas que du divertissement. Il y a l'art qui ainsi "rassemble" à tous les sens du terme. Il nous soigne car il nous rappelle ce devoir que nous avons de nous soigner et de prendre soin de ce qui nous entoure simplement en le regardant...Et de regarder ce qui peut être beau autour de nous...Cet art contrairement aux deux autres "rassemblent" il rassemble les individus qui se rendent à l'évidence qu'il y a du soin en eux et dans leur existence et rassemblent chacun autour de ce qui peut être b eau et sur lequel on peut s'entendre. L'art de luxe ou de masse, lui divise. Il est fondé sur "des codes" qui ne peuvent être compris que par certains...Voire il "falsfie" le réel....Voire il rappelle une "différence", des disharmonies au lieu de nous montrer ce qui harmonise...Parfois - et c'est la le comble -il arrive que les arts de masse ou de luxe produisent néanmoins du bel art...Il advient parfois que l'on parvienne à trouver ce qui rassemble et harmonise dans ces arts là...C'est que les frontières ne sont jamais nettes et en nous et hors de nous.  C'est à nous qu'il appartient alors de savoir faire la "distinction".   

Pascal Pensées

Ce n'est pas qu'il y ait en effet du bonheur dans ce que l'on peut acquérir par le moyen de ces jeux, ni qu'on s'imagine que la vraie béatitude soit dans l'argent qu'on peut gagner au jeu, ou dans le lièvre que l'on court. On n'en voudrait pas s'il était offert. Ce n'est pas cet usage mol et paisible, et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu'on recherche ; mais c'est le tracas qui nous détourne d'y penser. De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le tumulte du monde ; que la prison est un supplice si horrible ; et qu'il y a si peu de personnes qui soient capables de souffrir la solitude."

"Les hommes ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l'occupation au dehors, qui vient du ressentiment de leur misère continuelle. Et ils ont un autre instinct secret qui reste de la grandeur de leur première nature, qui leur fait connaître, que le bonheur n'est en effet que dans le repos. Et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un projet confus, qui se cache à leur vue dans le fonds de leur âme, [203] qui les porte à tendre au repos par l'agitation, et à se figurer toujours, que la satisfaction qu'ils n'ont point leur arrivera, si, en surmontant quelques difficultés qu'ils envisagent, ils peuvent s'ouvrir par là la porte au repos.
Ainsi s'écoule toute la vie. On cherche le repos en combattant quelques obstacles ; et si on les a surmontés, le repos devient insupportable. Car, ou l'on pense aux misères qu'on a, ou à celles dont on est menacé. Et quand on se verrait même assez à l'abri de toutes parts, l'ennui de son autorité privée ne laisserait pas de sortir du fonds du coeur, où il a ses racines naturelles, et de remplir l'esprit de son venin. »

  217 « On charge les hommes dés l’enfance du soin de leur bonheur, de leur bien, de leurs amis et encore du bien et de l’honneur de leurs amis. On les accable d’affaires, de l’apprentissage des langues, et d’exercices on leur fait entendre qu’ils sauraient être heureux sans que leur santé, leur honneur, leur fortune et celle de leurs amis soient en bon état et qu’une seule chose qui manque les rendrait malheureux . Ainsi on leur donne des charges et des affaire qui les font tracasser dés la pointe du jour. Voilà diriez vous une étrange manière de les rendre heureux  ! Que pourrait-on faire de mieux pour les rendre malheureux ?  Comment ce qu’on pourrait faire ? Il ne faudrait que leur ôter  tous ces soins çar alors ils se verraient , ils penseraient à ce qu’ils sont , d’où ils viennent ou ils vont…Et c’est pourquoi apés leur avoir tant préparé d’affaires , s’ils ont quelque temps de relâche on leur conseil de l’employer à se divertir, à jouer et à s’occuper tout entiers »

15 novembre 2007

FONDEMENTS DU LIBERALISME

GPGE. Jean-Jacques Sarfati. Année 2007/2008 Marie Curie Versailles. Séance 4 (bloc économique):  Les fondements du libéralisme
Themes à travailler :  a) La liberté est-elle un leurre ? b) La liberté s'oppose-t-elle à l'égalité ? c) Faut-il des lois pour être libre ? Textes à travailler pour approfondir la réflexion : Montesquieu : l'esprit des lois. J. Locke "second traité de gouvernement civil". F Hayek " Droit, législation et liberté". Tocqueville " De la démocratie en Amérique". J Rawls "Théories de la justice".  R. Nozick " Anarchie, Etat, Utopie". Spinoza Traité théologique et Politique. Ethique.

Extraits de textes à commenter 1)F. Hayek « Droit, législation et liberté ». Tome 1 « Règles et ordre » sociale ». Trad. Raoul Audouin Puf 1980 Pour cet auteur, le problème provient du " rationalisme constructiviste » et celui-ci serait à attribuer à Descartes. Il explique que « le rejet comme simple opinion de tout ce qui ne pouvait être démontré comme vrai par ces critères devint la caractéristique dominante du mouvement qu’il avait lancé….Telle devint l’attitude caractéristique du constructivisme cartésien avec son mépris pour la tradition, la coutume et l’histoire en général. Seule la raison de l‘homme devait le rendre capable de bâtir à neuf la société… » p 11 «  Cette façon de voir rationaliste avait en fait la signification d’une rechute dans les modes de pensée anthropomorphiques de jadis. Elle amena une propension renouvelée à attribuer l’origine de  toutes les institutions de la culture à l’invention et au plan préconçu…Cette façon intentionaliste ou pragmatique de représenter l’histoire trouva son expression la plus complète dans la conception de la formation de la société par un contrat social d’abord dans Hobbes puis dans Rousseau qui , a bien des égards, était un disciple direct de Descartes…C’est ainsi que ce qui était jadis présomption favorable en faveur des institutions et usages traditionnels devint présomption défavorable et que l’opinion devint dans les esprits une simple opinion quelque chose d’indémontrable, qui ne pouvait être décié par la raison et donc ne devait pas être accepté comme base valable de décision… » p 12. Or il critique cette position. Pour lui,nous agissons souvent en fonction d’habitudes . De plus « notre civilisation repose …sur le fait que nous présumons bien plus de choses que nous n’en pouvons connaître au sens cartésien du terme…Parler d’une société où tous les éléments  de la réalité seraient connus soit de l’observateur, soit  de l’un quelconque de ses membres c’est parler de quelque chose de  différent de tout ce qui peut avoir existé » p 14 (dans constitution of liberty) il a «  analysé l’importance de notre ignorance forcée des faits concrets  assez longuement » p 15 « Les erreurs du rationalisme constructiviste sont étroitement liées au dualisme cartésien c’est-à-dire  à la conception d’une substance spirituelle existant à part qui se tient hors du monde ordonné de la nature et qui a rendu  l’homme ainsi doté d’esprit dès le début capable de façonner les institutions de la société et la culture au sein desquelles il vit » p 20 « Nous ne pouvons examiner ici la difficile question  de savoir comment les hommes peuvent apprendre les uns des autres de telles règles de conduite - souvent fort abstraites - par l’exemple ou l’imitation alors cependant que ni ceux qui donnent l’exemple ni ceux qui apprennent d’eux ne sont nécessairement  conscients de l’existence de telles règles qu’ils observent néanmoins strictement » p 22. Pour lui, une des principales séquelles du constructivisme rationaliste   est que « prenant au pied de la lettre l’expression que l’homme a crée toute sa culture et ses institutions, il a été poussé à cette fiction, que toute loi est le produit de la volonté de quelque un »   p 33. IL n’est pas rationaliste; pour lui,  s’il s’agit de considérer que « la raison consciente devrait déterminer chaque action particulière » il n’est rationaliste que dans le sens  ou il s’agit de rendre « la raison aussi efficace que possible »… p 34. Il ne croit pas en la psychanalyse car elle semble « avoir créé un autre fantôme  qui a son tour est supposé gouverner ce que le dualisme cartésien imagine comme l’esprit dans la machine » p 36. Selon lui, personne n’a vu le lien entre « cet ultra rationalisme qui est devenu la source maîtresse de la plus grande part de l’irrationalisme moderne et du totalitarisme » p 37.  Il pense en fait qu’il peut exister des « ordres spontanés » p 50 « dans un ordre social, les circonstances de détail auxquelles chaque individu réagit sont celles qui lui sont connues. Mais les réponses individuelles aux circonstances immédiates n’aboutiront à un ordre d’ensemble que si les individus  se conforment à des règles susceptibles de produire un ordre. Un tel ordre constituera toujours une adaptation à la multitude des circonstances qui sont connues des membres de cette société pris ensemble mais qui ne sont connues en totalité par aucun individu » p 52. Il écrit "une de nos thèses principales sera que, bien qu’il y ait toujours à la fois ordre spontané et organisation , il n’est pas possible de mêler les deux principes d’ordre à notre fantaisie. »....Il faut cependant revenir à des principes qui ont paradoxalement été oubliés. Pour lui  « appliquer à chaque tâche des techniques sociales les mieux adaptées à sa solution, sans s’embarrasser des croyances dogmatiques voilà ce qui semble à certains la seule façon de procéder digne d’un âge rationnel et scientifique. Les « idéologies » c’est-à-dire des ensembles de principes , sont devenues généralement aussi antipathiques aux peuples qu’elles l’ont toujours été aux aspirants dictateurs, notamment à Napoléon Ier et à K Marx, les deux hommes qui ont donné à ce mot son sens péjoratif moderne » p 68.  « Ces réalistes modernes sont si peu réalistes qu’ils ne voient pas pendant qu’ils se glorifient de la modernité de leurs idées que ce qu’ils préconisent Est-ce que la plupart des pays du monde occidental ont effectivement pratiqué pendant les deux ou trois dernières générations et que c’est cela qui a conduit à la situation actuelle. La fin de l’ère libérale des principes pourrait bien remonter au moment ou il y a prés de quatre vingt ans W S Jevons affirma qu’en politique économique et sociale nous ne pouvons poser des règles fixes mais devons traiter chaque cas en détail sur ses mérites. Dix ans plus tard, Herbert Spencer pouvait déjà parler de l’école dominante en politique qui implique une limitation des procédés d’immédiate opportunité ou qui s’appuie sur des principes abstraits. Cette vue réaliste qui a longtemps dominé la politique depuis si longtemps n’a guère produit les résultats que désiraient ses propagandistes. Au lieu d’avoir atteint une plus grande maîtrise sur notre sort, nous nous trouvons en fait plus fréquemment engagés sur une route que nous n’avons pas délibérément choisie et confronté à l’inévitable nécessité d’actions ultérieures qui n’ont jamais été dans notre intention mais qui sont le résultat de ce que nous avons  fait » p 70 (mais il se contredit car il vient de dire en fait que nous ne pouvons décider de toutes nos actions…Ou bien veut-il dire en fait qu’il faut fixer des règles générales mais pas nécessairement vouloir agir au coup par coup…ne pas trop croire en ces règles ? ) ». Mais ces principes ne doivent pas être formalisés peut-être et il prend l’exemple français et anglais «  La vérité semble être que tout  en parlant peu de principes les anglais n’en furent que plus surement guidés  par des principes alors qu’en France la spéculation sur des principes fondamentaux empêcha  elle-même qu’un choix quelconque ait pu prévloir entre plusieurs combinaisons de principes » p 72    «La liberté ne prévaudra que si l’on admet comme axiome qu’elle constitue un principe dont l’application aux cas particuliers n’appelle aucune  justification. C’est donc une méprise que de reproche au libéralisme d’avoir été trop doctrinaire. Son défaut ne fut pas de s’attacher trop obstinément à des principes mais plutôt d’avoir manqué de principes suffisamment définis pour fournir des orientations certaines…Une conduite cohérente n’est possible que si l’on adhére à des principes bien définis. Or le concept de liberté qu’utilisaient les libéraux du XIXème siècle était à bien des égards trop vague pour fournir une orientation claire. L’on ne s’abstiendra de restreindre la liberté individuelle dans les cas ou cela semble le remède le plus simple et le plus direct à un mal reconnu qu’il s’il règne une foi et la préférences pour les expédients proviennent en partie du fait que n’avons plus de principes qui puissent être rationnellement défendus  » p 73 2) Montesquieu L’esprit des lois. Edition établie par Laurent Versini.Gallimard 1951 Préface «  je n’ai point tiré mes principes de mes préjugés mais de la nature des choses » p 82 « je me croirai le plus heureux des mortels si je pouvais faire que les hommes pussent se guérir de leurs préjugés. J‘appelle ici préjugés, non pas ce qui fait qu’on ignore de certaines choses mais qui fait qu’on s’ignore soi-même » p 83 « J’ai posé les principes et j’ai vu les cas particuliers s’y plier comme d’eux-mêmes, les histoires de toutes les nations n’en être que des suites et chaque loi particulière liée avec une autre loi ou dépendre d’une autre plus générale… » Première partie Livre I  « Des lois en général » 1 « Les lois dans la signification la plus étendue sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses et dans ce sens tous les êtres ont leurs lois, la divinité à ses lois, le monde matériel à ses lois, les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois, les bêtes ont leurs lois, l’homme à ses lois » p 87 Rien ne s’est fait de manière « aveugle » « il y a donc une raison primitive et les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle et les différents êtres et les rapports de ces divers êtres entre eux ».L’homme est un être ignorant et « sujet à l’erreur…Les faibles connaissances qu’il a, il les perd encore… » ainsi « un tel être pouvait à tous les instants s’oublier lui-même ;les philosophes l’ont averti par les lois de la morale. Fait pour vivre dans la société ; il y pouvait oublier tous les autres ; les législateurs l’ont rendu à ses devoirs par les lois civiles et politiques » p 90 2 « avant toutes ces lois sont celles de la nature ainsi nommées parce qu’elles dérivent uniquement de la constitution de notre être. Pour les connaître bien, il faut considérer un homme avant l’établissement des sociétés…L’homme dans l’etat de nature aurait plutôt la faculté de connaître qu’il aurait la connaissance » p91 Livre II « Des lois qui dérivent directement de la nature du gouvernement » Ch 1) 4. Il rappelle son principe selon lequel le despote est celui qui gouverne sans loi fixe alors que le monarque « gouverne par des lois fondamentales » et par les pouvoirs intermédiaires subordonnés  p 108. Dans les Etats despotiques, il y a toujours un vizir qui a le pouvoir car « il résulte de la nature du pouvoir despotique que l’homme seul qui l’exerce le fasse de même exercer par un seul » p 112 (II.V) Livre IV ) Que les lois de l’éducation doivent être relatives aux principes de gouvernement.. Dans ce passage, les principes une fois mis en œuvre, Montesquieu entend à présent nous expliquer et nous révéler les influences qu’il va pouvoir avoir sur l‘éducation…En effet 1) ces lois « nous préparent à être citoyens …dans les monarchies elle auront pour objet l’honneur; dans les républiques la vertu et dans les états despotiques la crainte » p 130 3) Spinoza : Ethique I. PROPOSITION XXIX) : « Il n’y a rien de contingent dans la nature des êtres ; toutes choses au contraire sont déterminées par la nécessité de la nature divine à exister et à agir d’une manière donnée.. ». Cependant encore une fois, cela ne signifie pas qu’ il ne faille pas faire de distinction. Comme il l’indique (E. I P 29 Scolie) «  par nature naturante, on doit entendre ce qui est en soi et est conçu par soi, ou bien les attributs de la substance qui expriment une essence éternelle et infinie, c’est-à-dire Dieu, en tant qu’on le considère comme cause libre. J’entends, au contraire, par nature naturée tout ce qui suit de la nécessité de la nature divine, ou de chacun des attributs de Dieu ; en d’autres termes, tous les modes des attributs de Dieu, en tant qu’on les considère comme des choses qui sont en Dieu et ne peuvent être ni être conçues sans Dieu. ». In E. I  PROPOSITION XXXII, il va ainsi indiquer « La volonté ne peut être appelée cause libre ; mais seulement cause nécessaire. » Cette position est évoquée in la lettre X.à OLDENBURG.  Il indique sa position sur la « nécessité. Il écrit : « j’admets la nécessité de toutes choses et la fatalité des actions. » Il croit donc bien à la fatalité de tout ce que nous faisons. Il ne peut être on ne peut plus clair…Il pense que « toutes choses résultent de la nature de Dieu avec une nécessité inévitable, de la même façon que tout le monde conçoit qu’il résulte de la nature de Dieu que Dieu ait l’intelligence de soi-même. » Mais toujours dans la même lettre, il précise : « cette inévitable nécessité des choses n’ôte rien à la perfection de Dieu ni à la dignité de l’homme ; car les préceptes moraux, soit qu’ils prennent la forme d’une loi ou d’un droit émané de Dieu même, soit qu’ils ne la prennent pas, n’en sont pas moins des préceptes divins et salutaires ; et quant aux biens qui résultent de la vertu et de l’amour de Dieu, soit que nous les recevions des mains d’un Dieu qui nous juge, soit qu’ils émanent de la nécessité de la nature divine, en sont-ils, dans l’un ou l’autre cas, moins désirables ? Et de même, les maux qui résultent des actions ou des passions mauvaises sont-ils moins à craindre parce qu’ils en résultent nécessairement ? En un mot, que nos actions s’accomplissent sous la loi de la nécessité ou sous celle de la contingence, n’est-ce pas toujours l’espérance et la crainte qui nous conduisent ? » 4) Benjamin Constant : "De la liberté des anciens comparée à celle des modernes. "La liberté individuelle, je le répète, voilà la véritable liberté moderne. La liberté politique en est la garantie; la liberté politique est par conséquent indispensable. Mais demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme ceux d'autrefois la totalité de leur liberté individuelle à la liberté politique, c'est le plus sûr moyen de les détacher de l'une et quand on y serait parvenu, on ne tarderait pas à leur ravir l'autre. Vous voyez, Messieurs, que mes observations ne tendent nullement à diminuer le prix de la liberté politique. Je ne tire point des faits que j'ai remis sous vos yeux les conséquences que quelques hommes en tirent. De ce que les anciens ont été libres, et de ce que nous ne pouvons plus être libres comme les anciens, ils en concluent que nous sommes destinés à être esclaves. Ils voudraient constituer le nouvel état social avec un petit nombre d'éléments qu'ils disent seuls appropriés à la situation du monde actuel. Ces éléments sont des préjugés pour effrayer les hommes, de l'égoïsme pour les corrompre, de la frivolité pour les étourdir, des plaisirs grossiers pour les dégrader, du despotisme pour les conduire; et, il le faut bien, des connaissances positives et des sciences exactes pour servir plus adroitement le despotisme. Il serait bizarre que tel fût le résultat de quarante siècles durant lesquels l'espèce humaine a conquis plus de moyens moraux et physiques: je ne puis le penser. Je tire des différences qui nous distinguent de l'antiquité des conséquences tout opposées. Ce n'est point la garantie qu'il faut affaiblir, c'est la jouissance qu'il faut étendre. Ce n'est point a la liberté politique que je veux renoncer; c'est la liberté civile que je réclame, avec d'autres formes de liberté politique. Les gouvernements n'ont pas plus qu'autrefois le droit de s'arroger un pouvoir illégitime. Mais les gouvernements qui partent d'une source légitime ont de moins qu'autrefois le droit d'exercer sur les individus une suprématie arbitraire. Nous possédons encore aujourd'hui les droits que nous eûmes de tout temps, ces droits éternels à consentir les lois, a délibérer sur nos intérêts, à être partie intégrante du corps social dont nous sommes membres. Mais les gouvernements ont de nouveaux devoirs; les progrès de la civilisation, les changements opérés par les siècles, commandent à l'autorité plus de respect pour les habitudes, pour les affections, pour l'indépendance des individus. Elle doit porter sur tous ces objets une main plus prudente et plus légère."

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15 novembre 2007

LIBERALISME DE HAYEK

Approfondissement : le libéralisme de Hayek

Cet auteur a eu  une grande influence sur le mode de pensée de nos contemporains. Même s’il est peu commenté, il fut  économiste, juriste et philosophe. Aujourd’hui nombre de ses préceptes sont à l ’origine de notre système organisationnel Il est donc nécessaire de l’étudier en profondeur et éventuellement d’envisager les points forts et les points faibles de cette doctrine.

Exposé : Peut- on se désintéresser du sort de ses semblables  ?
                Est-il juste que certains travaillent et paient pour d’autres ?
                Laisser la société  le plus libre possible est-il le plus sûr moyen de l’enrichir ?

              a)  Les thèses de Hayek.

La route de la servitude.
« En résumé, plus on tente d’assurer une sécurité compléte en intervenant dans le système du marché, plus l’insécurité augmente. Plus la sécurité devient un privilége plus le fait d’être exclu comporte des dangers, plus on appréciera la sécurité. Avec l’augmentation du nombre de privilégiés et de l’écart entre la situation des deux catégories se développe une nouvelle échelle de valeurs sociales. Désormais ce n’est plus l’indépendance qui situe un homme mais la sécurité. On préfère un candidat au mariage qui a droit à la retraite à celui qui a simplement foi dans ses dons pour arriver à quelque choses. Si quelque un dans sa jeunesse n’a pas pu se faire admettre au paradis des situations salariées, il risque de demeurer un paria toute sa vie » p 96
« Il est probable que la force ne peut pas anéantir l’esprit de liberté, mais quel peuple aurait pu résister au processus par lequel il a été étouffé en Allemagne ? Il y fallait d’abord être fonctionnaire salarié pour obtenir une distinction ou un avancement quelconque ; remplir des devoirs prescrits y était considéré comme plus méritoire que de choisir son propre champ d’activité… » p 97
« Il est probablement exact qu’une grande majorité des hommes n’est pas capable de penser de façon indépendante et qu’elle accepte, sur un grande nombre de questions des opinions toutes faîtes. Il lui importe peu  d’être assujettie à une conception ou à une autre. La liberté de pensée ne compte réellement que pour une minorité assez restreinte » p 119

« On peut affirmer que nous sommes devenus beaucoup plus tolérants à l’égard des abus particuliers et beaucoup plus indifférents aux cas individuels d’injustice puisque nous comptons sur un système qui mettra bon ordre à tout. » p 153

Droit législation et libérté (trois tomes :  Tome 1 « règles et ordre »        Tome 2 « Les mirages de la justice sociale ». Tome 3 «   L’ordre politique d’un peuple libre 

« Droit, législation et liberté ». Tome 1 « Règles et ordre » sociale ». Trad. Raoul Audouin Puf 1980
Dans la préface il explique les trois notions de son travail et qui permettront d’ordonner ses trois tomes : « La première de ces notions est qu’il faut distinguer entre un ordre qui s’engendre de lui-même, ou ordre spontané et une organisation  et que ce qui les différencie se rapporte aux deux sortes différentes de règles ou de lois qui s’y établissent. La seconde notion est que ce qui est aujourd’hui généralement considéré comme justice sociale ou distributive n’a de sens qu’à l’intérieur du secon de ces genres d’ordre, l’organisation. Mais que cela n’a point de sens et est absolument incompatible avec cet ordre spontané qu’Adam Smith appelait la « Grande société » et que Sir Karl Popper a nommé la société ouverte. La troisième notion est que le type prédominant d’institutions démocratiques libérales ou c’est le même corps représentatif qui pose les règles de juste conduite et qui dirige le gouvernement conduit forcément à transformer progressivement l’ordre spontané d’une société  libre en un système  totalitaire mis au service de quelque coalition d’intérêts organisés. J’espère montrer que cette évolution n’est pas une conséquence nécessaire de la démocratie mais seulement un effet de cette forme  particulière de gouvernement illimité avec laquelle on a fini par identifier la démocratie…Les signes ne manquent pas ,toutefois que la démocratie  illimitée court à sa chute et qu’elle s’effondrera, non à grand bruit mais à bout de souffle….Tôt ou tard, les gens découvriront que non seulement ils sont à la merci de nouvelles castes privilégiées mais que la machinerie para gouvernementale, excroissance nécessaire de l’Etat tutélaire est en train de créer une impasse en empêchant la société d’effectuer les adaptations qui, dans un monde mouvant, sont indispensables pour maintenir le niveau de vie atteint, sans parler d’en atteindre un plus élevé  ». P 3
Pour lui il faut distinguer le rationalisme évolutionniste et le constructiviste « si le rationalisme constructiviste peut être montré comme reposant sur des présomptions matériellement fausses, c’est toute une famille de pensées et d’écoles tant scientifiques que politiques qui se trouvera convaincue d’erreur….Toutes les doctrines totalitaires, dont le socialisme n’est que la plus noble et la plus influente sont ici évoquées. Elles sont fausses, non en raison des valeurs sur lesquelles elles s’appuient mais parce qu’il y a méconnaissance des forces qui ont rendu possibles la Grande Société et la civilisation…   » p 6
Il attribue, le « rationalisme constructiviste » à Descartes. Il explique que « le rejet comme simple opinion de tout ce qui ne pouvait être démontré comme vrai par ces critères devint la caractéristique dominante du mouvement qu’il avait lancé….Telle devint l’attitude caractéristique du constructivisme cartésien avec son mépris pour la tradition, la coutume et l’histoire en général. Seule la raison de l‘homme devait le rendre capable de bâtir à neuf la société… » p 11 «  Cette façon de voir rationaliste avait en fait la signification d’une rechute dans les modes de pensée anthropomorphiques de jadis. Elle amena une propension renouvelée à attribuer l’origine de  toutes les institutions de la culture à l’invention et au plan préconçu…Cette façon intentionaliste ou pragmatique de représenter l’histoire trouva son expression la plus complète dans la conception de la formation de la société par un contrat social d’abord dans Hobbes puis dans Rousseau qui , a bien des égards, était un disciple direct de Descartes…C’est ainsi que ce qui était jadis présomption favorable en faveur des institutions et usages traditionnels devint présomption défavorable et que l’opinion devint dans les esprits une simple opinion quelque chose d’indémontrable, qui ne pouvait être décié par la raison et donc ne devait pas être accepté comme base valable de décision… » p 12

Tome  2

«   l’appel à la justice sociale est devenu en notre temps le plus largement et le plus efficace , dans la discussion politique. A peu prés toutes les demandes d’intervention gouvernementale en faveur de groupes particuliers sont faites en son nom et si l’on peut faire en sorte qu’une revendication apparaisse conforme à la justice sociale, il n’y a généralement pas de résistance qui tienne.  «  p78
Pour lui « dans un ordre économique basé sur le marché le concept de justice social n’a pas de contenu et il n’est pas possible de maintenir un ordre de marché en  lui imposant un modèle de rémunération fondé sur l’estimation des performances ou des besoins des différents individus ou groupes par une autorité ayant pouvoir de le rendre obligatoire…aussi longtemps que la croyance à la justice sociale régira l’action politique, le processus doit se rapprocher du système totalitaire  » p 82
« la justice sociale ne peut avoir de sens que dans une économie dirigée et commandée » p 83  « il n’y a pour l’individu aucune possibilité de savoir ce qu’il lui faudrait faire pour garantir une juste rémunération à ses congénères » p 84 «  dans un ordre spontané, savoir si quelque un  a, ou n’a pas fait ce qu’il fallait n’est pas toujours une question de mérite ; cela doit être déterminé sans avoir égard au fait que cette personne devait savoir ou pouvoir savoir ce qui était requis. Tout cela se ramène à dire que les hommes ne peuvent être libres de décider de leur travail que si la rémunération qu’ils peuvent en attendre correspond à la valeur que leurs services présentent pour ceux de leurs semblables qui les reçoivent et que ces valeurs que leurs services auront pour leurs semblables n’auront souvent aucun rapport avec leurs mérites ou leurs besoins personnels. Ce sont deux choses différentes que la récompense du mérite acquis et l’indication de ce qu’une personne devrait faire pour son propre bien et celui de ses semblables. Ce sont ni les bonnes intentions ni les besoins de l’intéressé qui lui assureront la meilleure rétribution mais l’exécution de ce qui est le plus avantageux pour autrui, quelque en soit le mobile.  » p 87 «  Je suis dans l’ensemble enclin à penser qu’à l’intérieur d’un même métier ou d’une même profession, la correspondance  entre l’habileté et la diligence individuelles et les revenus est plus forte qu’on ne l’admet communément mais que la relation entre la position de l’ensemble des membres d’un métier ou d’une profession et celle de l’ensemble des membres des autres métiers ou professions sera plus souvent affectée par des circonstances échappant à leur volonté et à leur connaissance…. » p 88
« La thèse soutenant que toutes les différences dans les gains doivent êtres justifiées par quelque différence symétrique des mérites n’aurait certainement pas été considérée comme évidente dans une communauté d’agriculteurs, de marchands ou d’artisans ; c’est-à-dire dans une société ou il est manifeste que le succés ou l’échec ne dépendent que pour partie du talent  et de l’esprit industrieux mais aussi du hasard pur et simple dont chacun peut être la victime - encore que même dans de telles sociétés, l’on ait connu des gens pour se plaindre à Dieu ou à la fortune de l’injustice de leur sort… » p 97 

« il ne faut évidemment pas méconnaître que dans l’ordre de marché existant, non seulement les résultats mais aussi les chances initiales des divers individus sont souvent très différents; elles sont affectées par des particularités de leur milieu social qui ne dépendent pas de leur volonté mais qui sous plusieurs aspects peuvent être modifiés par quelque intervention du pouvoir. La demande d’égalité des chances ou égalité au départ est une idée attrayante pour beaucoup de personnes en général attachées à l’ordre du marché libre et elle a rencontré chez eux de nombreux partisans. Dans la mesure ou ’il s’agit de facilités et ouvertures qui par nature sont influencées par les décisions gouvernementales…cette revendication a en réalité constitué l’un des points essentiels du libéralisme classique , habituellement caractérisé par l’expression française, la carrière ouverte aux talents. Il  y a aussi beaucoup à dire en faveur d’une fourniture publique sur une base égalitaire, des moyens d’instruction pour les mineurs qui ne sont pas encore pleinement des citoyens responsables , encore qu’il soit très discutable d’en laisser l’administration aux mains du gouvernement » p 102
  « Mais tout cela serait encore fort éloigné de créer une égalité réelle des chances, même entre des personnes ayant les mêmes capacités . Pour tendre à un tel résultat, il faudrait que le gouvernement ait entièrement le contrôle de tout ce qui constitue le milieu matériel et humain de tous et la mission de fournir au moins des possibilités équivalentes à chacun ; et plus le gouvernement qui y parviendrait , plus forte deviendrait la revendication légitime sur le même principe, toutes les entraves initiales restantes soient également écartées ou compensées par une charge plus lourde imposée à ceux qui demeurent réellement favorisés » p 103
« l’idée que les hommes devraient être rémunérés selon l’estimation de leurs mérites ou de la valeur de leurs services pour la société implique au départ qu’une autorité ait charge non seulement de distribuer les rémunérations mais encore d’assigner aux individus les tâches pour l’exécution  desquelles ils seront rémunérés… » p 193
« La justice distributive à laquelle vise le socialisme est ainsi incompatible avec la souveraineté du droit et avec cette liberté selon la loi qu’entend assurer la rule of law. Les règles d’une justice distributive ne peuvent être des règles de conduite entre égaux. Elles ne peuvent être que des règles de conduite pour les supérieurs vis-à-vis de leurs subordonnés…. » p 105
« Il n’y a pas de raison pour que le gouvernement d’une société libre doive s’abstenir d’assurer à tous une protection contre un dénuement extrême sus forme d’un revenu minimum garanti, ou d’un niveau de ressources au-dessous duquel personne ne doit tomber. Souscrire une telle assurance contre l’infortune excessive peut assurément être dans l’intérêt de tous ; ou l’on peut clairement estime c’est un devoir morla pour tous au sein de la communauté organisée de venir en aide à ceux qui ne peuvent subsister par eux-mêmes. A condition qu’un tel minimum de ressources soit fourni hors marché à tous ceux qui, pour une raison quelconque sont incapables de gagner sur le marché de quoi subsister , il ny a là rien qui implique une restriction de liberté ou un conflit avec la sourveraineté du droit… » p 105    

« dans un ordre de marché, il peut certes être une malchance que de naître et de grandir dans un village ou le gagne pain de presque tous les hommes soit la pêche (ou pour les femmes le nettoyage des poissons)mais c’est un non sens de décrire cette situation comme  étant injuste. Qui peut-on supposer avoir été injuste ? D’autant que si ce débouché local n’avait existé, les gens que l’on plaint n’auraient probablement jamais été mis au monde, de sorte que la quasi-totalité de la population actuelle d’un tel village doit vraisemblablement son existence aux ressources qui permirent aux générations passées d’engendrer et d’élever leurs enfants… » p 112

«le sentiment d’injustice éprouvé par les gens lorsqu’un revenu auquel ils sont habitués diminue disparaît  résulte largement de l’idée qu’ils ont moralement mérité ce revenu et que dés lors qu’ils travaillent aussi soigneusement et aussi honnêtement qu’avant ils ont droit en équité de recevoir ce revenu. Mais l’idée que nous avons acquis un mérite moral  nous donnant droit à ce que nous avons gagné honnêtement par le passé est largement illusoire. Il est seulement vrai que l’on eut commis une injustice à notre égard en nous enlevant ce que nous avions effectivement acquis en observant les règles du jeu… » p 113

« personne n’a droit à une situation matérielle spéciale, à moins qu’il soit du devoir de quelque un d’autre de la lui assurer. Nous n’avons aucun droit à ce que notre maison ne soit pas détruite par un incendie ni un droit à ce que nos produits ou services trouvent preneurs, ni à ce que des biens ou services de nature et quantité déterminées nous soient fournis. La justice n’impose pas à nos semblables un devoir général de nous entretenir et une créance sur des telles prestations ne peut exister que dans la mesure ou nous alimentons une organisation instituée à cet effet. Il est absurde de parler d’un droit à une situation matérielle que personne n’a le devoir ni peut-être le pouvoir de créer » p 122

« aux droits négatifs qui sont simplement l’aspect complémentaire des règles protégeant les domaines individuels et qui ont été institutionalisés dans les chartes des organisations de gouvernement et aux droits positifs des citoyens quant à leur participation dans la direction de cette organisation l’on a récemment ajouté de nouveaux droits positifs dits « sociaux et économiques » pour lesquels on réclame une dignité égale et même supérieure. Ce sont des créances sur des avantages particuliers auxquels tout être humain est, en tant que tel, supposé avoir droit sans que rien n’indique sur qui pèse l’obligation de fournir ces avantages ni comment ils devront être produits » p 123
« pour répondre à de telles exigences, l’ordre spontané que nous nommons société doit être remplacé par une organisation délibérément dirigée ; le cosmos du marché devrait être remplacé par une taxis dont les membres auraient à faire ce qu’on leur dit de faire. Ils ne pourraient garder la faculté d’utiliser ce qu’ils savent pour parvenir à leurs propres objectifs mais devraient exécuter le plan dressé par leurs dirigeants d’après l’idée que ces derniers se font des besoins à satisfaire » p 124

b) Vocabulaire de  hayek

Laurent Francsatel Prost « Le vocabulaire de Hayek ». Ellipses 2003

« Les règles de juste conduite sont des règles abstraites rendant possible l’émergence de l’ordre social spontané. Hayek utilise ainsi l’expression pour désigner ces règles indépendantes de tout objectif qui concourent à former un ordre spontané, par opposition aux règles d’organisation qui sont ordonnées dans un but. Aucun législateur n’a jamais décidé par exemple que le meurtre,le vol, le dol et la fraude seraient des actions prohibées et punies en tant que telles par la loi. Les règles de juste conduite constituent un cadre général et permanent applicable à tous et permettant aux individus de poursuivre leurs fins propres tout en ajustant mutuellement leurs anticipations. Elles conditionnent la coordination d’actions individuelles irréductiblement indépendantes. Les règles de juste conduite ne sont pas l’objet d’une création consciente , raison pour laquelle elles sont non finalisées. Les acteurs individuels obéissent à ces règles de juste conduite en dépit de leur opacité..Elles ont pour caractéristique d’être universelles..Elles sont essentiellement négatives et limitatives…L’opposition nomos/thésis permet d’éclairer la notion de règles de juste conduite. Le nomos renvoie à ces règles spécifiques qui n’ont pas été inventées délibérément mais qui ont été découvertes…A contrario le terme thésis  désigne les règles d’organisation édictées par l’autorité publique; Le nomos est un ordre spontané non pas édicté. ..Existe -t-il un critère pour distinguer avec certitude une règle de juste conduite d’un commandement ou d’une mesure ? Dans la pratique ne tendent-ils pas à se confondre sous le même vocable de loi ? Hayek propose un critère simple : une règle de conduite ne peut être exécutée ou accomplie comme on exécute un ordre…Par conséquent lorsque l’on évoque l’exécution d’une loi il s’agit alors non d’une réle de juste conduite mais d’une mesure ou d’une prescription ad hoc…. » p 56

« Le prolétariat…Loin de l‘appauvrir , le capitalisme lui donne vie. Même si subjectivement certains peuvent se sentir exploités, une analyse objective démontre qu’ils doivent leur existence même à l’accroissement des possibilités et des richesses induit par le mode de production capitaliste. Contrairement à une idée courante, il n’existe pas d’appauvrissement général provoqué par la croissance démographique : la baisse du revenu moyen survient simplement parce que la croissance de la population se trouve en général caractérisé par un accroissement plus fort des couches les plus pauvres que des couches les plus riches de la population »p 5O

« Limitation du pouvoir…Par nature tout pouvoir tend à s’accroitre indéfiniment , faisant peser par la même une menace sur les libertés individuelles. L’analyse du pouvoir est indissociable d’une réflexion sur les limites qui doivent s’imposer à son expansion potentiellement illimitée…Pour Hayek ce n’est pas la source mais la limitation du pouvoir qui l’empêche d’être arbitraire » p 46

«  Liberté :  état de chose pour Hayek, dans lequel un homme n’est pas soumis à la volonté arbitraire d’un autre ou d’autres hommes… » 

« Libéralisme : Pour Hayek c’est une doctrine essentiellement ouverte. En ce sens, il n’y a rien dans les principes du libéralisme qui permette d’en faire un dogme immuable ; il n’y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes…Néanmoins le libéralisme se fonde sur un principe fondamental selon lequel dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées et recourir le moins possible  à la coercition…Le libéralisme conduit également à une attitude de modestie à l’égard des processus sociaux. La nécessaire limitation de nos connaissances ainsi que l’irréductible complexité de l’ordre social ruinent la prétention naive de la déraison désireuse de maîtriser consciemment le destin social de l’homme. Loin de prétendre organiser de manière délibérée et coercitive la société, le libéral se contente de favoriser le déploiement d’un ordre social spontané  : l’attitude d’un libéral à l’égard de la société est comparable à celle d’un jardinier qui cultive une plante et qui, pour créer les conditions les plus favorables à sa croissance doit connaître le mieux possible sa structure et ses fonctions…Pour le libéral, la liberté est une valeur en soi, elle est un bien inconditionné…Elle est la source et la condition de la plupart des valeurs morales. Elle est une valeur architectonique…Le libéralisme n’est pourtant pas irréductible à une apologie de la liberté individuelle ; il inclut également une réflexion sur les relations interindividuelles. Loin d’ignorer le risque d’une atomisation de la société qui serait destructrice du lien social, la philosophie libérale concentre son attention sur la nécessaire coordination des actions individuelles. La question du libéralisme peut se formuler comme suit : quelles conditions peuvent assurer l’existence d’un lien social consistant indépendamment d’une autorité centrale coercitive ? Pour Hayek, le libéralisme est fondé sur l’idée que la concurrence est le meilleur moyen de guider  les efforts individuels…Le libéralisme se présente également comme une théorie critique à l’égard de toute fin supra -individuelle imposée de manière coercitive aux acteurs individuels dans le cadre d’une organisation consciente de la société. D’une manière générale, la liberté individuelle est incompatible avec la suprématie d’un but unique  auquel toute la société est subordonnée en permanence…Pour lui la justice consiste à traiter chacun selon la même règle au sein d’une société ouverte d’individus libres, égaux devant la loi… » p 41

« L’intervention est injuste , pour Hayek dans la mesure où elle est une rupture de l’égalité de tous devant les contraintes imposées par l’autorité. La logique de l’intervention doit être distinguée de l’application et de l’observation de règles générales de juste conduite. Ces dernières sont à la fois uniformes et généralement  d’essence négative car elles ne font que limiter la gamme de choix ouverts aux individus…Ce qui caractérise l’intervention c’est son caractère arbitraire et discrétionnaire » p 31    

« Individualisme : Benjamin Constant dans de la liberté des anciens comparée à celle des modernes identifie ce qui, selon lui, constitue la spécificité de la liberté moderne. La liberté des anciens est une liberté participation , le citoyen dans une cité de taille réduite exerçait  collectivement et effectivement une partie de la souveraineté politique …Cette participation directe avait cependant une contrepartie qui était l’assujettissement complet de l’individu à la totalité dans laquelle il était inséré. Les modernes, quant à eux, sont attachés à la liberté indépendance. Celle-ci présuppose l’existence d’une sphère privée échappant à toute ingérence de la part de la puissance publique. C’est pourquoi l’indépendance est le premiers des besoins modernes. Il ne faut jamais en demander le sacrifice pour établir la liberté politique…Le libéralisme se fonde donc bien de manière privilégiée sur un individualisme. » p 28

Ignorance : L’ignorance est irréductiblement constitutive de notre vie sociale. La civilisation repose fondamentalement sur le fait que nous présumons bien plus de choses que nous pouvons en connaître au sans cartésien du terme….La mise en évidence du caractère lacunaire de notre connaissance doit être mise en corrélation avec la critique du constructivisme naïf inhérent au planisme centralisateur. Il n’existe pas et il ne peut exister d’ingénieur social capable à partir d’une connaissance exhaustive des divers paramètres sociaux, de construire un ordre social jugé désirable. L’ignorance est donc , selon Hayek, la condition de possibilité de la liberté individuelle. La société ne saurait être façonnée  à partir d’un plan préalablement conçu par une autorité centrale ; l’ordre social est l’effet d’une interaction d’initiatives individuelles qui ignorent leurs fins respectives et qui néanmoins se coordonnent selon un principe immanent… » p 26

«  Fiscalité  :..Le système redistributif souffre de plusieurs défauts…Il souffre tout d’abord d’une inefficacité sociale : ce sont les classes moyennes et non les plus pauvres qui profitent du système car les premières sont mieux organisées pour peser sur le processus démocratique …et extorquer ainsi des privilèges…Il souffre aussi d’une inefficacité économique dans la mesure ou il prive d’une grande part de leurs revenus les individus qui se risquent à innover  et à créer des richesses…Enfin le système redistributif est en contradiction avec le sens de la justice…L’import proportionnel impose à tous le même taux alors que l’impôt progressif  est par essence discriminatoire …Il discrimine les riches…Pour Hayek il permet à la majorité d’opprimer une minorité car au nom de la justice sociale il peut toujours paraître souhaitable d’accroître indéfiniment  la progressivité de l’impôt » p 24

« Fin/moyen : La cohésion à l’intérieur d’un groupe restreint est imposé aux membres grâce à la poursuite solidaire de fins communes et connues de tous. A contrario au sein de la grande société, les individus poursuivent des fins strictement personnelles et inconnues des autres ; ils n’ont pas à se mettre d’accord sur un objectif spécial à atteindre mais ils s’accordent uniquement sur des règles à observer dans la poursuite  de leurs objectifs individuels . On passe alors une logique téléocratique( gouvernement par des fins) à une logique nomocratique (gouvernement par les règles) » p 20

« Catallaxie….Elle se définit comme l’espèce particulière d’ordre spontané produit par le marché à travers les actes des gens qui se conforment aux règles juridiques concernant la propriété, les dommages et les contrats » p 9 

«  Argent : Il constitue le bien le plus polyvalent….Il est un des plus magnifiques instruments de liberté que l’homme ait jamais inventé . Il offre au pauvre un choix extraordinaire de possibilités, beaucoup plus grand que celui qui était accessible au riche il y a à peine quelques générations..L’émergence de la monaire  a pour effet de remplacer les rapports affectifs  et d’obligations interpersonnels de la société primitive par des rapports impersonnels entre des  collaborateurs anonymes  agissant en vue d’objectifs distincts et inconnus des autres. Le déploiement du système monétaire implique donc la transgression des limites étroites du groupe primitif ainsi que l’accés des individus à un système d’échanges abstrait excédant souvent leur compréhension et permettant une coopération radicalement élargie. Grâce à l’argent il n’est nécessaire ni d’être connu ni d’être aimé de l’autre pour recevoir de lu iun bien ou un service. …La monaire est donc une institution de l’ordre spontanée ou catallaxie, infiniment supérieur à toute forme d’organisation consciente et finalisée »  p 7

c) Commentaires : 

P Dubouchet «  commons et Hayek défenseurs de la théorie normative du droit » L’Harmattan 2003
« Le thème majeur de l’œuvre juridique de Hayek est l’apologie de la « rule of law » du « règne du droit » qu’il définit lui-même comme la suprématie du droit en tant que limitation à tout pouvoir d’Etat..Cette doctrine qui connaît sa forme achevée dans le libéralisme anglais des XVII et XVIIIème siècles, Hayek en scrute méticuleusement les fondements économiques et épistémologiques. Il découvre ces derniers dans l’opposition entre l’ordre spontané ( cosmos) et l’ordre construit ou organisation (taxis) -opposition qui correspond, dans le domaine juridique à celle du droit privé (nomos) et du droit public(thésis) . L’ordre spontané désigne les structures qui naissent directement des rapports sociaux sans résulter d’un dessein humain tandis que l’ordre construit procède d’un projet humain de régir et diriger les rapports sociaux. Si dans toute société de quelque importance ces deux ordres co-existent nécessairement, il n’en est pas moins important de les distinguer soigneusement et de les départager   »  p49

15 novembre 2007

LE DESIR

Textes :

I) L'essence du désir           :Le manque ? La chimie ?

le mythe d'Aristophane . Dans leBanquet traduction L BRISSON

"L'agrément est particuliérement institué de la nature pour représenter la jouissance de ce qui agrée comme le plus grand de tou sles biens qui appartiennent à l'homme ce qui fait que l'on désire trés ardemment cette jouissance. Il est vrai  qu'il y a diverses espèces d'argéments et que les désirs qui en naissent ne sont pas tous également puissants. Car par exemple la beauté des fleurs nous incite seulement à les regarder et celle des fruits à les manger. Mais le principal est celui qui vient des perfections qu'on imagine en une personne qu'on pense pouvoir devenir autre soi-memme car avec la différence du sexe que la nature a mise dans les hommes ainsi que dans les animaux sans raison, elle a mis aussi certaines impressions dans le cerveau qui font qu'en certain âge et en un certain temps on se considère comme défectueux  et comme si l'on n'était que la moitié d'un tout dont une personne de l'autre sexe doit être l'autre moitié en sorte que l'acquisition de cette moitié est confusément représentée par la nature comme le plus grand de tous les biens imagniables...Et cette inclination ou ce désir qui naît ainsi de l'agrément est appelé du nom d'amour plus ordinairement que la passion d'amour qui a ci-dessus été décrite. Aussi a t il de plus étranges effets et c'est lui qui sert de principale matière aux faiseurs de roman et de poète..." Descartes "Les passions de l'âme"

II) Lien entre désir et passion. Lien entre désir d'une chose et imagination de la joie qu'elle peut nous procurer

"La  joie et la tristesse et conséquemment toutes les affections qui en sont composées ou qui en dérivent sont des affections passives. Or nous éprouvons nécessairement  ce genre d'affection en tant que nous avons des idées inadéquates et nous ne les éprouvons qu'en tant que nous avons de telles idées ; en d'autres termes notre ame  ne patiet qu'en tant qu'elle imagine ou en tant qu'elle est affectée d'une passion qui enveloppe la nature de notre corps et celle d'un  corps extérieur. ...Le désir  étant l'essence ou la nature de chaque homme en tant qu'il est déterminé par telle constitution donnée à agir de telle façon il s'ensuit que chaque homme suivant qu'il est affecté par les causes extéreieures de telle ou telle espèce de joie, de tristesse,d'amour de haine ...c'est à dire suivant que sa nature est constituée de telle ou telle façon éprouve nécessairement tel ou tel désir..." 3EME PARTIE DE L ETHIQUE SUR LES PASSIONS. DEMONSTRATION DE LA PROPOSITION 56

¨Proposition 59 " En tant que l'âme est attristée , sa puissance de penser, c'est à dire d'agir est diminuée ou empêchée ; par conséquent aucune affection de tristesse ne peut se rapporter à l'ame en tant qu'elle agit mais seulement les affections de joie et de désirs lesquelles se rapportent à l'âme sous ce point de vue...Toutes les actions qui  résultent de cet ordre d'affections qui se rapportent à l'âme en tant qu'elle pense constituent la force d'âme . Il y a deux espèces de force d'âme, savoir l'intrépidité et la générosité. J'entends par intrépidité, ce désir qui porte chacun de nous à faire effort pour conserver son être en vertu des seuls commandements de la raison. J'entends par générosité, ce désir qui porte chacun de nous en vertu des seuls commandements de la raison à faire effort pour aider les autres hommes et se les attacher par les liens de l'amitié..." SPINOZA

III) Le désir est-il  malsain ?

Nier le désir ?
"Tout vouloir procéde d'un esoin c'est à dire d'une privation , d'une souffrance. La satisfaction y met fin mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long et ses exigences s'étendent à l'infini ; la satisfaction est courte, et elleest parcimonieusement mesurée. Mais ce contetement suprême lui-même n'est qu'apparent : le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le prmeier est une déception reconnue ; le second une déception non encore reconnue. La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C'est comme l'aumone qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve la vie aujourd'hui pour prolonger sa misère jusqu'à demain...Tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chcerhcer la jouissance, c'est en réalité tout un ; l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, sous quelle que forme qu'elle se manifeste , emplit et trouble sans cesse la conscience or sans repos le véritable bonheur est impossible...." Le monde comme volonté et représentation. T I

Dans les lois Platon montre que le problème de la politique provient lorque l'on a pas éduqué les enfants...Lorsque les désirs ne sont pas délibérés....

Y a t il un lien entre la nature du désir et l'homme démocratique ?
La République ; l'homme démocratique : un être qui change continuellement ses désirs.... Livre VIII. "Tantôt il s'ennivre en se faisant jouer de la flute, puis à l'inverse il ne boit que de l'eau et se laisse maigrir

Le désir sexuel est-il vain ?
"La nourriture et la boisson sont absorbés à l'intérieur du corps et puisqu'elles peuvent en occuper des parties précises, de cette façon la soif et la faim sont aisément satisfaites.Mais quand il s'agit d'un visage au teint resplendissant, il n'y a rien là dont l'organisme puisse se repaître, sinon des simulcres sans substance, pauvres espoirs presque toujours emportés par le vent. De meme qu'un homme endormi qui a soif et qui cherche à boire et à qui on ne donne pas l'eau qui pourait éteindre le feu qui brule son corps, fait mentalement appel à des simulacres de boion et s'épuise en vain car il a toujours soif alors même qu'il rêve qu'il boit au milieu d'un fleuve torrentiel de même Vénus se joue des amants avec des simulacres au milieu meme de l'amour. Il ne peuvent se rassasier en se regardant nus dans l'intimité, leurs caresses ne peuvent rien dérober à leurs bras ni à leurs jambes attendris, tandis qu'ils parcourent sans répit leurs cpors jusqu'au dernier repli....Ajoute qu'ils y laissent leurs forces et qu'ils meurent à la peine ; ajoute que leur vie se passe aux ordres d'un autre. Leur patrimoine pendant ce temps se dissout et passe en tapis persants, leurs affaires languissent et leur réputation vacillante grandi.... Lucrère De la Nature  IV

"C'est l'amour sexuel qui se révéle de la façon la plus claire comme un désir de possession ; celui qui aime veut possder pour lui tout seul la personne qu'il désir. Il veut avoir un pouvoir absolu tant sur son âme que sur son corps. Il veut être aimé uniquement , loger et régner dans l'autre âme come ce qu'il y a de plus élevé et de plus admirable...Si l'on considére que cela ne signifie pas autre chose que d'exclure le monde entier de la jouissance d'un bien et d'un bonheur précieux, si l'on considére que celui qui aime vise à appauvrir et à priver tous les autres compétiteurs et à devenir le dragon de son trésor comme le plus indiscret et le plus conquérant, le plus egoiste exploiteur...on sétonnera que cette sauvage avidité, cette furieuse injustice de l'amour sexuel ait été glorifiée...Il y a bien ca et là sur terre, une espèce de prolongement de l'mour dans lequel le désir avide que deux êtres éprouvent  l'un pour l'autre fait place à un nouveau désir, à une nouvelle avidité, à une nouvelle soif commune, supérieure celle d'un idéal qui les dépasse tous deux ; mais qui connait cet amour ? Qui est ce qui l'a vécu ? Son véritable nom est amitié" Nietzsche "le gai savoir".

La névrose, le probléme de ceux qui n'écoutent pas leurs désirs.

"Je propose que la seule chose dont on puisse être coupable au moins dans la perspective analytique c'est d'avoir cédé sur son désir..Au dernier terme, ce dont le sujet se sent effectivement coupable , quand il fait de la culpabilité, de façon redevable ou non pour le directeur de conscience c'est toujours , à la racine pour quant qu'il a cédé sur son désir....Il a souvent cédé sur son désir pour faire le bien....Faire les choses au nom du bien et plus encore au nom du bien de l'autre voilà qui est bien loin de nous mettre à l'abri, non seulement de la culpabilité mais de toutes sortes de catastrophes intérieures. En particulier, cela n nous met certainement pas à l'abri de la névrose et de ses conséquences. Si l'analyse a un sens, le désnir n'est rien d'autre que ce qui supporte le thème inconscient, l'articulation propre de ce qui nous fait nous enraciner dans une destinée particulière, laquelle exige avec insistance que la dette soit payée et il revient, il retourne et nous ramène toujours dans un certain sillage, dans le sillage de ce qui est proprement notre affaire.Ce que j'appelle céder sur son désir s'accompagne toujours dans la destinée du sujet de quelque trahison. Ou le sujet trahit sa voie, se trahit lui-meme et c'est sensible pour lui-même..." Lacan Le Séminaire Livre VIII
Problème on ne peut pas faire tout ce que l'on veut(exemple pour une profession)....Oui mais dans l'autre sens, on ne peut faire un métier que l'on n'aime pas, vivre avec des personnes avec lesquelles on ne ressent pas d'amour...N'être que dans l'utilité car les choses explosent finalement lorsque cela n'est plus utile...Le lien sur l'utile estun lien faible....DONC ETRE DANS L ADEQUAT OU CE QUI EST VRAIMENT REEL

IV) COMMENT TROUVER LE DESIR ADEQUAT OU REEL ?

ABSTRAIT/ CONCRET...CAUSE ET FIN....

Epicure Lettre à Ménécée : la hiérarchie des désirs...Comment ordonner nos désirs dans une société où tout paraît possible ? (Tocqueville. Epicure même si sa doctrine de l'ataraxie est trés criticable)   Comment trouver les plaisirs adéquats ...(Spinoza). La réalisation de nos désirs adéquats provoquent la vie "intense" celle qui procure le bonheur et que l'on juge digne d'être accomplie.
C) Ce désir adéquat est-il a) raisonnable nécessairement ? b) correspond-il à notre nature réelle ? C'est ici que la notion de "travail" Hégelien mérite d'être envisagé. Le désir adéquat est celui qui nous "travaille", celui que seul un travail sur nous meme et a partir de nous même peut révéler.Celui qui nous est nécessaire, dont on estime que nous ne pouvons vivre sans. La question du désir renvoie surtout selon moi au couple contingent/nécessaire. 
Par l'éducation  ?  « C‘est bien plutôt les désirs qu’il faut égaliser que les fortunes et cela est impossible pour des gens qui n’ont pas reçu une éducation convenable au moyen de lois… »II 7 1266 b « La nature du désir est d’être infini et c’est à la combler que la plupart des gens passent leur vie. Un bon principe en ces matières c’est plutôt d’égaliser les fortunes , de prendre concernant les citoyens qui sont naturellement honnêtes gens des dispositions pour qu’ils ne veuillent pas avoir plus que leur part et concernant les méchants des dispositions pour qu’ils ne le puissent pas et il en sera ainsi s’ils sont inférieurs en n’étant pas traités injustement… »Aristote. Politiques. II 7 1267 a tRAD pELLEGRIN;

La question du désir réel...
§ 15 « l’action du principe interne qui fait le changement ou le passage d’une perception à une autre  peut-être appelée appétition : il est vrai que l’apétit ne saurait toujours parvenir entièrement à toute la perception où il tend mais il en obtient toujours quelque chose et parvient à des perceptions nouvelles… »

Le désir bien ordonné, bien réalisé. Il suppose de longues délibérations....Ce qui a de curieurx selon moi est que lorsque ce désir est réalisé...'est que tout s'ordonne à merveille comme dans un PUZZLE..QUESTION D HARMONIE PREETABLIE ?

10 octobre 2007

L 'inconscient (extraits de textes)

L 'inconscient

" D'abord, il y a à tout moment, mille marques qui font juger qu'il y a une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez disitnguant à part, mais jointes à d'autres, elle ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage...Et pour mieux juger des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit, il faut bien que l'on entende ces parties qui composent ce tout, c'est-à-dire le bruit de chaque vague quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même qui ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule...Leibniz. Nouveaux essais sur l'entendement humain. Préface.

« Un proverbe met en garde de servir deux maîtres à la fois. Le pauvre moi est dans une situation encore pire , il sert trois maîtres sévères, il s’efforce de concilier leurs revendications et leurs exigences. Ces revendications divergent toujours, paraissent souvent incompatibles, il n’est pas étonnant que le moi échoue souvent dans sa tâche. Les trois despotes sont le monde extérieur, le surmoi et le ça. Quand on suit les efforts du moi pour les satisfaire en même temps , plus exactement pour leur obéir en même temps on ne peut regretter d’avoir personnifié ce moi, de l’avoir présenté comme un être particulier. Il se sent entravé de trois côtés, menacé par trois sortes de dangers auxquels il réagit en cas de détresse par un développement d’angoisse…Dans son effort de médiation entre le ça et la réalité, il est souvent contraint de revêtir les ordres ics du ça…D’autre part, le rigoureux surmoi lui impose certaines normes de son comportement, sans tenir compte du ça et du monde extérieur….Freud…Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse.   

« Il y a une difficulté sur le terme d’inconscient. Le principal est de comprendre comment la psychologie a imaginé ce personnage mythologique. Il est clair que le mécanisme échappe à la conscience et lui fournit des résultats sans aucune notion de cause. En ce sens, la nature humaine  est inconsciente autant que l’instinct animal et par les mêmes causes. On ne dit point que l’instinct est inconscient. Parce qu’il n’y a point de conscience animale devant laquelle l’instinct produit ses effets…Le freudisme est un art d’inventer en chaque homme un animal redoutable….L’homme est obscur à lui-même, cela est à savoir. Seulement, il faut ici éviter plusieurs erreurs qui fondent le terme d’inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l’ inconscient est un autre moi…Il n’y a point de pensées en nous sinon par l’unique je ; cette remarque est d’ordre moral. Alain. Eléments de philosophie.

« On nous conteste de tous côtés le droit d’admettre un psychisme inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela qu’elle est nécessaire et légitime….Elle est nécessaire parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires aussi bien chez l’homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui pour être expliqués présupposent d’autres actes qui, eux ne bénéficient pas du témoignage de la conscience…Mais l’hypothèse de l’inconscient  est également légitime dans la mesure où en l’établissant, nous ne nous écartons pas du tout de la manière de penser que nous tenons habituellement pour correcte. La conscience ne procure à chacun de nous que la connaissance de ses propres états psychiques ; qu’un autre homme ait aussi une conscience c’est là une inférence qui est tirée par analogie pour nous rendre le comportement de cet autre homme compréhensible en se fondant sur la perception de ce qu’il dit et fait…(.L’inconscient est donc la conscience de ce qui n’est pas conscient et ce par analogie)…Freud. Métapsychologie. L’inconscient.

« Quant à l’épopée freudienne, du moi, du ça et du surmoi on n’est pas plus fondé  à en revendiquer la scientificité que dans le cas de ces récits qu’Homère avait recueilli de la bouche des dieux. Certes, les théories psychanalytiques étudient certains faits, mais elles le font à la manière des mythes. Elles contiennent des indications psychologiques fort intéressantes, mais sous une forme qui ne permet pas de les tester. K Popper « Conjectures et réfutations ». 


10 octobre 2007

Y a t il un bon usage du droit de propriété ?

Y a t il un bon usage du droit de propriété ?

1) La remise en cause de la propriété en elle-même

a) Communisme de Platon (la République)
L'une des premières descriptions de communisme se trouve dans le dialogue La République de Platon.
Ce que l'on a appelé le "communisme platonicien" suppose sinon la suppression du moins la limitation drastique de la famille avec l’éducation collective des enfants ainsi que la soumission de toute propriété privée à la propriété de la Cité. L’erreur de Platon, d’après Aristote, est de vouloir unifier à l’excès la cité en supprimant tout ce qui sépare les individus pour aboutir à une union de fusion, comme celle que souhaitent les amants dans le discours d’Aristophane. (1262 b) C’est méconnaître que l’amitié se fonde sur une irréductible altérité. Platon pose en théorie le communisme essentiellement pour la classe dirigeante, ceci afin de faire cesser la corruption qui était habituelle dans tout gouvernement ; les deux autres classes étant les travailleurs et les gardiens de l'ordre.
b) Marx(Manuscrits de 1844)
"Nous avons donc maintenant à comprendre l'enchaînement essentiel qui lie la propriété pri­vée, la soif de richesses, la séparation du travail, du capital et de la propriété, celle de l'échan­­ge et de la concurrence, de la valeur et de la dépréciation de l'homme, du monopole et de la concurrence, etc., bref le lien de toute cette aliénation    [108] avec le système de l'argent. Ne faisons pas comme l'économiste qui, lorsqu'il veut expliquer quelque chose, se place dans un état originel fabriqué de toutes pièces. Ce genre d'état originel n'explique rien. Il ne fait que repousser la question dans une grisaille lointaine et nébuleuse. Il suppose donné dans la forme du fait, de l'événement, ce qu'il veut en déduire, c'est-à-dire le rapport ”nécessaire entre deux choses, par exemple entre la division du travail et l'échange. Ainsi le théologien explique l'origine du mal par le péché originel, c'est-à-dire suppose comme un fait, sous la forme historique, ce qu'il doit lui-même expliquer. Nous partons d'un fait économique actuel. L'ouvrier devient d'autant plus pauvre qu'il produit plus de richesse, que sa production croît en puissance et en volume. L'ouvrier devient une marchandise d'autant plus vile qu'il crée plus de marchandises. La dépréciation du monde des hommes augmente en raison directe de la mise en valeur du monde des choses. Le travail ne produit pas que des marchan­dises; il se produit lui-même et produit l'ouvrier en tant que marchandise, et cela dans la mesure où il produit des marchandises en général.
Ce fait n'exprime rien d'autre que ceci : l'objet que le travail produit, son produit, l'affron­te comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur. Le produit du travail est le travail qui s'est fixé, concrétisé dans un objet, il est l'objectivation du travail. L'actualisation du travail est son objectivation. Au stade de l'économie, cette actualisation du travail apparaît comme la perte pour l'ouvrier de sa réalité, l'objectivation comme la perte de l'objet ou l'asservissement à celui-ci, l'appropriation comme l'aliénation, le dessaisissement. La réalisation du travail se révèle être à tel point une perte de réalité que l'ouvrier perd sa réalité jusqu'à en mourir de faim. L'objectivation se révèle à tel point être la perte de l'objet, que l'ouvrier est spolié non seulement des objets les plus nécessaires à la vie, mais encore des objets du travail. Oui, le travail lui-même devient un objet dont il ne peut s'emparer qu'en faisant le plus grand effort et avec les interruptions les plus irrégulières. L'appropriation de l'objet se révèle à tel point être une aliénation que plus l'ouvrier produit d'objets, moins il peut posséder et plus il tombe sous la domination de son produit, le capital.
Toutes ces conséquences se trouvent dans cette détermination l'ouvrier est à l'égard du produit de son travail dans le même rapport qu'à l'égard d'un objet étranger. Car ceci est évi­dent par hypothèse : plus l'ouvrier s'extériorise dans son travail, plus le monde étranger, ob­jec­tif, qu'il crée en face de lui, devient puissant, plus il s'appauvrit lui-même et plus son mon­de intérieur devient pauvre, moins il possède en propre. Il en va de même dans la religion. Plus l'homme met de choses en Dieu, moins il en garde en lui-même. L'ouvrier met sa vie dans l'objet. Mais alors celle-ci ne lui appartient plus, elle appartient à l'objet. Donc plus cette activité est grande, plus l'ouvrier est sans objet  [109] . Il n'est pas ce qu'est le produit de son travail. Donc plus ce produit est grand, moins il est lui-même. L'aliénation de l'ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un objet, une existence extérieure, mais que son travail existe en dehors de lui, indépendamment de lui, étranger à lui, et devient une puissance autonome vis-à-vis de lui, que la vie qu'il a prêtée à l'objet s'oppose à lui, hostile et étrangère. [XXIII] Examinons maintenant de plus près l'objectivation, la production de l'ouvrier et, en elle, l'aliénation, la perte de l'objet, de son produit. L'ouvrier ne peut rien créer sans la nature, sans le monde exté rieur sensible. Elle est la matière dans laquelle son travail se réalise, au sein de laquelle il s'exerce, à partir de laquelle et au moyen de laquelle il produit. Mais, de même que la nature offre au travail les moyens de sub sistance, dans ce sens que le travail ne peut pas vivre sans objets sur lesquels il s'exerce, de même elle fournit aussi d'autre part les moyens de subsistance au sens restreint, c'est-à-dire les moyens de subsis­tance physique de l'ouvrier lui-même. Donc, plus l'ouvrier s'approprie par son travail le monde extérieur, la nature sensible, plus il se soustrait de moyens de subsis tance sous ce double point de vue : que, premièrement, le monde extérieur sensible cesse de plus en plus d'être un objet appartenant à son travail, un moyen de subsistance de son travail; et que, deuxièmement, il cesse de plus en plus d'être un moyen de subsistance au sens immédiat, un moyen pour la subsistance physique de l'ouvrier.
De ce double point de vue, l'ouvrier devient donc un esclave de son objet : premièrement, il reçoit un objet de travail, c'est-à-dire du travail, et, deuxièmement, il reçoit des moyens de subsistance. Donc, dans le sens qu'il lui doit la possibilité d'exister premièrement en tant qu'ouvrier et deuxièmement en tant que sujet physique. Le comble de cette servitude est que seule sa qualité d'ouvrier lui permet de se conserver encore en tant que sujet physique, et que ce n'est plus qu'en tant que sujet physique   [110] qu'il est ouvrier. (L'aliénation de l'ouvrier dans son objet s'exprime selon les lois de l'économie de la façon suivante : plus l'ouvrier produit, moins il a à consommer; plus il crée de valeurs, plus il se déprécie et voit diminuer sa dignité; plus son produit a de forme, plus l'ouvrier est difforme; plus son objet est civilisé, plus l'ouvrier est barbare; plus le travail est puissant, plus l'ouvrier est impuissant; plus le travail s'est rempli d'esprit, plus l'ouvrier a été privé d'esprit et est devenu esclave de la nature.) L'économie politique cache l'aliénation dans l'essence du travail  [111] par le fait qu'elle ne considère pas le rapport direct entre l'ouvrier (le travail) et la production. Certes, le travail produit des merveilles pour les riches, mais il produit le dénuement pour l'ouvrier. Il produit des palais, mais des tanières pour l'ouvrier. Il produit la beauté, mais l'étiolement pour l'ouvrier. Il remplace le travail par des machines, mais il rejette une partie des ouvriers dans un travail barbare et fait de l'autre partie des machines. Il produit l'esprit, mais il produit l'imbécillité, le crétinisme pour l'ouvrier. Le rapport immédiat du travail à ses produits est le rapport de l'ouvrier aux objets de sa production. Le rapport de l'homme qui a de la fortune aux objets de la production et à la pro­duc­tion elle-même n'est qu'une conséquence de ce premier rapport. Et il le confirme."

2) La question du "bon usage" proprement dit

a) Epicure Lettre à Ménécée
"Il est également à considérer que certains d’entre les désirs sont naturels, d’autres vains, et que si certains des désirs naturels sont nécessaires, d’autres ne sont seulement que naturels. Parmi les désirs nécessaires, certains sont nécessaires au bonheur, d’autres à la tranquillité durable du corps, d’autres à la vie même. Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à la sérénité de l’âme, puisque tel est le but de la vie bienheureuse. C’est sous son influence que nous faisons toute chose, dans la perspective d’éviter la souffrance et l’angoisse. Quand une bonne fois cette influence a établi sur nous son empire, toute tempête de l’âme se dissipe, le vivant n’ayant plus à courir comme après l’objet d’un manque, ni à rechercher cet autre par quoi le bien, de l’âme et du corps serait comblé. C’est alors que nous avons besoin de plaisir : quand le plaisir nous torture par sa non-présence. Autrement, nous ne sommes plus sous la dépendance du plaisir. Voilà pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse. C’est lui que nous avons reconnu comme bien premier et congénital. C’est de lui que nous recevons le signal de tout choix et rejet. C’est à lui que nous aboutissons comme règle, en jugeant tout bien d’après son impact sur notre sensibilité.Justement parce qu’il est le bien premier et né avec notre nature, nous ne bondissons pas sur n’importe quel plaisir : il existe beaucoup de plaisirs auxquels nous ne nous arrêtons pas, lorsqu’ils impliquent pour nous une avalanche de difficultés. Nous considérons bien des douleurs comme préférables à des plaisirs, dès lors qu’un plaisir pour nous plus grand doit suivre des souffrances longtemps endurées. Ainsi tout plaisir, par nature, a le bien pour intime parent, sans pour autant devoir être cueilli. Symétriquement, toute espèce de douleur est un mal, sans que toutes les douleurs soient à fuir obligatoirement. C’est à travers la confrontation et l’analyse des avantages et désavantages qu’il convient de se décider à ce propos. A certains moments, nous réagissons au bien selon les cas comme à un mal, ou inversement au mal comme à un bien. Ainsi, nous considérons l’autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse. Car nous sommes intimement convaincus qu’on trouve d’autant plus d’agréments à l’abondance qu’on y est moins attaché, et que si tout ce qui est naturel est plutôt facile à se procurer, ne l’est pas tout ce qui est vain. Les nourritures savoureusement simples vous régalent aussi bien qu’un ordinaire fastueux, sitôt éradiquée toute la douleur du manque : pain et eau dispensent un plaisir extrême, dès lors qu’en manque on les porte à sa bouche. L’accoutumance à des régimes simples et sans faste est un facteur de santé, pousse l’être humain au dynamisme dans les activités nécessaires à la vie, nous rend plus aptes à apprécier, à l’occasion, les repas luxueux et, face au sort, nous immunise contre l’inquiétude. Quand nous parlons du plaisir comme d’un but essentiel, nous ne parlons pas des plaisirs du noceur irrécupérable ou de celui qui a la jouissance pour résidence permanente - comme se l’imaginent certaines personnes peu au courant et réticentes à nos propos, ou victimes d’une fausse interprétation - mais d’en arriver au stade où l’on ne souffre pas du corps et ou l’on n’est pas perturbé de l’âme. Car ni les beuveries, ni les festins continuels, ni les jeunes garçons ou les femmes dont on jouit, ni la délectation des poissons et de tout ce que peut porter une table fastueuse ne sont à la source de la vie heureuse : c’est ce qui fait la différence avec le raisonnement sobre, lucide, recherchant minutieusement les motifs sur lesquels fonder tout choix et tout rejet, et chassant les croyances à la faveur desquelles la plus grande confusion s’empare de l’âme."
b) Augustin
« Les même choses sont mal utilisées par les uns et bien par les autres. Celui qui en use mal s’y attache par son amour et s’y ligote - c’est qu’il se soumet aux choses qu’il lui revenait de soumettre et constitue pour lui en multiples biens ce dont lui-même, par l’ordre qu’il y introduirait  et le bon usage qu’il en ferait devrait être le bien. Celui qui les utilise avec rectitude montre que si elles sont bonnes, ce n’est pas par elles-mêmes, car elles ne le rendent ni bon ni meilleur mais le deviennent grâce à lui; et c’est pourquoi il n’est pas agglutiné à elles par amour…Il les dépasse de toute sa hauteur, prêt à la garder et à la régir si nécessaire, plus prêt encore de les perdre que de les avoir…Ce ne sont pas les choses elles-mêmes mais les hommes qui les utilisent mal qui doivent être accusés » I 33 Le libre arbitre. Saint Augustin.nrf 1998 œuvres I sous la direction de L Jerphagnon
« Malgré cette merveilleuse variété des nations répandues sur toute la terre, de croyances et de mœurs si différentes, divisées par leurs langues, leurs armes, leurs coutumes, il n’existe toutefois que deux sociétés humaines ou..deux cités .L’une est la cité des hommes qui veulent vivre en paix selon la chair ; l’autre celles des hommes qui veulent vivre en paix selon l’esprit et quand les désirs des de part et d’autre sont accomplis chacune à sa manière est en paix….la chair c’est l’homme ( c’est-à-dire l’ignorance de Dieu qui lui est l’esprit)… »   « Néanmoins, quiconque attribue au corps l’origine de tous les maux de l’âme est dans l’erreur..Car cette corruption du corps  qui appesantit l’âme n’est point la cause mais la peine du pêché et ce n’est point la chair  corruptible qui a rendu  l’âme pécheresse mais l’âme pécheresse qui a rendu la chair corruptible.. Car ce n’est point  en tant qu’il est dans la chair , où le diable n’est point mais en tant qu’il vit selon lui-même que l’homme devient semblable au diable; le diable aussi a voulu vivre selon lui-même quand il n’est pas demeuré dans la vérité et sa parole ne vient pas de Dieu mais de  lui-même »  Cité de Dieu  XIV 3   
c)Locke
La nature montre qu’il y a une limite à l’accumulation. Locke donne plusieurs exemples à cette limite naturelle. Ainsi « avant l’appropriation des terres, celui qui amassait autant de fruits sauvages et tuait, attrapait ou apprivoisait  autant de bêtes qu’il lui était possible mettait par sa peine, ces productions hors de l’état de nature et acquérait sur elles un droit de propriété : mais si ces choses venaient à se gâter et à se corrompre pendant qu’elles étaient en sa possession et qu’il n’en fit pas l’usage auquel elles étaient destinées si ces fruits qu’il avait cueilli se gâtaient, si ce gibier qu’il avait pris se corrompait, avant qu’il put s’en servir, il violait sans doute les lois communes de la nature et méritait d’être puni parcequ’il usurpait la portion de son prochain à laquelle il n’avait nul droit et qu’il ne pouvait posséder plus de bien qu’il n’en fallait pour la commodité de la vie… »  V 38 Mais qu’Est-ce qui a tout gâté ? C’est l’argent pour Locke. Il écrit « Au commencement tout était comme une Amérique…Et il est à remarquer que dès qu’on eut trouvé quelque chose qui tenait auprès des autres la place de l’argent d’au jourd’hui, les hommes commencèrent à étendre et agrandir leurs possessions. Mais depuis que l’or et l’argent qui naturellement sont si peu utiles à la vie de l’homme par rapport à la nourriture, au vêtement et à d’autres nécessités semblables ont reçu un certain prix et une certaine valeur, du consentement des hommes quoique après tout le travail contribue beaucoup à cet égard, il est clair, par une conséquence nécessaire que le même consentement a permis les possessions inégales et disproportionnées. Car dans les gouvernements où les lois règlent tout, lorsqu’on y a proposé et approuvé un moyen de posséder justement et sans que personne ne puisse se plaindre qu’on lui fait tort, plus de choses qu’on peut consumer pour sa subsistance propre et que ce moyen c’est l’or et l’argent lesquels peuvent demeurer éternellement entre les mains d’un homme sans que ce qu’il en a, au-delà de ce qui lui est nécessaire soit en dagner de se pourir et déchoir, le consentement mutuel et unanime rend justes les démarches d’une personne qui avec des espèces d’argent agrandit, étend, augmente ses possessions autant qu’il lui plaît… » John Locke seconde traité de gouvernement civil. Chapitre V

3) La question faits/valeurs. Peut-on objectivement juger un usage ?
a) H. Kelsen. Théorie pure du droit " une théorie pure du droit ne s’oppose en rien à l’exigence d’un droit juste mais se déclare incompétente pour décider si tel ordre juridique est ou n’est pas juste, ainsi que pour déterminer l’élément fondamental de la justice. Une théorie pure du droit , une science ne saurait répondre à une question à laquelle il est absolument impossible de répondre de manière scientifique… » p 58  "On ne peut décider rationnellement de ce qui représente la valeur suprême entre la liberté et l’égalité. Or le jugement de valeur subjectif et donc relatif, donné en réponse  à cette question équivaut habituellement   à l’assertion d’une valeur objective et absolue, d’une norme généralement  valide. …Or il est en principe exclu de justifier la fonction émotionnelle par la fonction rationnelle dans la mesure ou la question concerne des fins ultimes ne constituant pas les moyens de servir des fins ultérieures… » pp 59
b) Léo Strauss (droit naturel et histoire): ainsi pour Strauss si on admet la neutralité bienveillante pronée par les "sciences sociales" «  les principes du cannibal sont aussi défendables et aussi sains que ceux de l’homme policé. » il faut un étalon qui constitue un idéal. Celui-ci « ne peut être trouvé dans les besoins des différentes sociétés car elles ont, ainsi que leurs composants , de nombreux besoins qui s’opposent les uns aux autres… » p 15. De même pour lui " l’interdit prononcé contre les jugements de valeur en science sociale conduirait aux conséquences suivantes. Nous aurions le droit de faire une description purement factuelle des actes accomplis au su et au vu de tous dans un camp de concentration et aussi sans doute une analyse, également factuelle des motifs et mobiles qui ont mû les acteurs  en question mais il nous serait défendu de prononcer le mot de cruauté. Or chacun de nos lecteurs, à moins d’être complètement stupide, ne pourrait manquer de voir que les actes en question sont cruels… » p 59 « Weber, comme tous ceux qui ont réfléchi sur la condition humaine ne pouvait s’empêcher de parler d’avarice, de cupidité, de manque de scrupules, de vanité, de dévouement, de sens de la mesure ou d’autres choses semblables, bref de prononcer des jugements de valeur. Il s’indignait contre les gens qui ne voyaient pas de différence entre une gretchen et une prostituée, ceux qui restaient insensibles à la noblesse du cœur présente chez la première, absente chez l’autre… » p 60. De plus Weber, chantre de la "neutralité" en sciences humaines n'a pas été cohérent. Il  a aussi procédé à des jugements de valeur. Ainsi « c’est un fait que l’interprétation particulière du dogme de la prédestination qui a soi-disant donné naissance à l’esprit capitaliste est fondée sur une méconnaissance radicale du calvinisme. C’est une corruption de cette doctrine ou, pour user du langage de Calvin lui-même, c’est une interprétation charnelle d’un enseignement spirituel. Au mieux, Weber aurait pu se flatter de montrer qu’une corruption ou une dégradation de la théologie de Calvin entraîna l’apparition de l’esprit capitaliste (mais) le tabou qu’il avait mis sur les jugements de valeur l’a empêché d’introduire cette précision essentielle… » p 66

4) La question de l'impôt juste et du"moral" en économie

a) Le moral des ménages chute, les chances d'atteindre 2% de croissance s'éloignent
LE MONDE | 28.09.07 | 11h15  •  Mis à jour le 28.09.07 | 11h15   
Ce sont deux mauvais chiffres que l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publiés vendredi 28 septembre : le premier révèle un net recul du moral des ménages (- 6 points) en septembre, le second confirme le chiffre décevant de la croissance française au deuxième trimestre (+ 0,3 %). Il éloigne – voire compromet – les chances de voir le produit intérieur brut (PIB) progresser de 2 % en 2007, ce qui était l'hypothèse basse retenue par le gouvernement Villepin pour bâtir son projet de budget pour 2007.
Publiés au plein cœur de l'été, les premiers résultats de la croissance française au deuxième trimestre avaient surpris nombre d'économistes par leur faiblesse – un petit + 0,3 % –, liés notamment au ralentissement de l'industrie manufacturière, à la contribution négative du commerce extérieur et au fléchissement de l'investissement. Vendredi matin, l'Insee a confirmé ce chiffre et réévalué de 0,1 point à + 0, 6 % la progression du PIB au premier trimestre. Selon Ronan Mahieu, chef de division des comptes trimestriels, "ces révisions à la marge portent l'acquis de croissance pour 2007 de 1,3 % à 1,4 %". "Il faudrait, ajoute-t-il, une croissance soutenue au second semestre, de l'ordre de + 0,8 % à chacun des deux derniers trimestres, pour atteindre les 2 % de croissance en 2007". Compte tenu de l'environnement international, du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis et de l'appréciation de l'euro qui va creuser le déficit commercial français (plus de 30 milliards d'euros en cumulé), on voit mal les raisons qui pourraient permettre un tel redécollage de l'économie française.Sur la foi notamment des chiffres "catastrophiques" de la balance commerciale, Jean-Christophe Caffet, économiste France chez Natixis, table sur une progression de 0,5% du PIB aux deux derniers trimestres, et sur une croissance annuelle de 1,8% cette année comme en 2008. Depuis l'été, la plupart des économistes ont revu à la baisse leurs prévisions et s'attendent à la persistance d'une croissance molle en 2008. Si leurs chiffres se révélaient justes, ils compliqueraient singulièrement la tâche du ministre du budget Eric Woerth et celle de la ministre de l'économie Christine Lagarde.
PESSIMISMELe climat, en tout cas, a bien changé depuis le printemps. En mai, dans la foulée de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, l'Insee avait constaté une amélioration spectaculaire du moral des ménages : une hausse de 6 points. Il fallait remonter aux législatives de juin 1997 pour trouver une plus forte progression (+ 9 points). En septembre, c'est l'évolution inverse qui est relevée : l'indicateur mesurant ce moral est en net recul, puisqu'il s'établit à - 21 points contre - 15 en juillet. La baisse la plus notable, souligne l'Insee, concerne l'opinion des ménages sur les perspectives d'évolution du niveau de vie en France, qui se dégrade fortement (- 15 points). Les ménages sont de nouveau plus pessimistes sur leur situation financière future et plus nombreux, ce qui est mauvais signe, à douter de l'opportunité de faire des achats importants. Tout se passe comme si l'opinion publique française n'anticipait pas d'effet bénéfique sur le pouvoir d'achat des mesures prises depuis le printemps par le gouvernement Fillon, "paquet fiscal" présidentiel en tête.
Claire Guélaud

b)Le nombre de chômeurs en France a augmenté de 0,6% en août
LEMONDE.FR avec AFP | 28.09.07 | 07h18  •  Mis à jour le 28.09.07 | 07h22
Pas de statistiques mais une hausse du chômage en France au mois d'août. C'est ainsi que l'on pourrait résumer l'information transmise jeudi par le ministère de l'emploi selon laquelle le nombre de demandeurs d'emplois inscrits fin août à l'ANPE a augmenté de 0,6 % (+11 800) soit 1 970 600 chômeurs en France, en catégorie 1.
Après des mois de polémiques, le ministère n'a donc pas communiqué d'estimation mensuelle du taux de chômage BIT, seule référence admise au plan international. Sur un an, il reste en baisse (-8,8%). La catégorie 1 de l'ANPE retient les personnes cherchant un emploi à temps plein en CDI et qui n'ont pas travaillé plus de 78 heures dans le mois écoulé.
Dorénavant, le taux sera publié tous les trois mois, a prévenu le ministère de l'économie et de l'emploi, conformément à un rapport remis à la ministre, Christine Lagarde. Le rapport avait été commandé après les élections aux inspections des finances (IGF) et des affaires sociales (IGAS) pour tenter de sortir de la crise avivée par la période électorale et l'absence de publication de l'enquête emploi 2006 de l'Insee, attendue en mars.
"Dans un souci de transparence" et suivant le rapport, Mme Lagarde a jugé "important" de continuer à rendre compte chaque mois du niveau des inscriptions à l'ANPE. "Sans que cela fasse nécessairement l'objet de grand messe ou de commentaires divers et variés", a-t-elle dit, en écho aux économistes et statisticiens qui jugent les variations mensuelles peu significatives.
Le collectif "Les autres chiffres du chômage" (ACDC) a salué l'arrêt de la publication mensuelle du taux, mais a jugé "précipitée" la décision de l'Insee "d'adopter sans débat des changements de calcul".
Les chiffres de l'ANPE "sont intéressants pourvu qu'on ne leur donne pas un sens qu'ils n'ont pas. Ils indiquent le nombre d'inscrits ANPE, pas le nombre de chômeurs", a rappelé Thomas Coutrot, l'un des statisticiens du collectif au coeur de la fronde. Les chiffres de l'ANPE sont éminemment sensibles aux changements intervenus depuis 2005 dans le service public de l'emploi, promis à une fusion prochaine avec l'Unedic (assurance chômage). Ils ont surestimé d'environ 20% la baisse du chômage ces dernières années, selon le rapport IGF/IGAS.
Pour la première fois depuis de longs mois, le nombre de demandeurs d'emploi de longue durée (inscrits depuis au moins un an) est en hausse. "Il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure", a réagi Christian Charpy, le directeur général de l'ANPE dans les Echos à paraître vendredi. "Août a été mauvais, car les conditions climatiques ont pesé sur l'activité estivale".
Si on ajoute à la catégorie 1, les chômeurs prêts à accepter un temps partiel ou un CDD, la tendance s'incrit à la baisse, de 0,3% à 2,098 millions de personnes fin août.

c )Les fruits et légumes et le poisson sont-ils trop chers ?  France Info - 25 septembre 2007 .Selon une étude du Credoc, un quart des Français n’achètent pas de fruits, de légumes ou de poisson en raison de prix trop élevés. Plus de 40% d’entre eux reconnaissent pourtant qu’il est important pour la santé d’en manger. Et vous, faites-vous vos courses en fonction des prix ?

d) Novembre 2005 LES PRINCIPES DE L’IMPÔT JUSTE ET EFFICACE Serge-Christophe KOLM*
Le gouvernement a décidé de ramener le taux marginal de l’impôt sur le revenu de 49% à 40%.L’exercice élémentaire le plus classique pour les étudiants débutants en sciences économiques consiste à calculer la perte sèche pour la société qui résulte d’un écart – un « coin » – imposé entre le prix pour le vendeur et le prix pour l’acheteur (ici, de travail). 40% : quel coin ! Cet écart est plus faible pour les revenus plus faibles. Mais il subsiste même pour le crédit d’impôt qui est plus faible si l’on travaille plus. Ces coins sont de plus augmentés des charges sociales. A ces taux, et pour ce bien général qu’est le travail, le gaspillage est gigantesque. Il se traduit aussi par du chômage. Ce gaspillage s’entend au sens des théoriciens de l’économie (Pareto) : tout le monde peut être plus heureux en faisant les choses autrement. Cela n'est pas de la politique, simplement de la réflexion. Le gâteau peut être plus grand, quelle que soit par ailleurs sa distribution.    Mais peut-on faire autrement ?    Rien n’est plus facile. Il suffit, par exemple d’exonérer les heures supplémentaires de l’impôt sur le revenu. M. François Bayou a proposé d’exonérer les heures supplémentaires des charges sociales. C’est bien vu, mais il faut aller jusqu’au bout et les exonérer aussi de l’impôt sur le revenu.     Cela, toutefois, n’empêcherait-il pas l’impôt d’avoir un rôle de redistribution du revenu ?    Absolument pas. Imaginez, à titre d’illustration, une redistribution égale complète des revenus gagnés par 35 heures par semaine (ou par 30 heures, ou par 25). Il en résulterait une redistribution énorme, dont aucun égalitariste réaliste n’a jamais osé rêvé. A titre d’indication, les redistributions actuelles redistribuent le revenu gagné pendant 1 à 2 jours par semaine, selon les pays (des Etats-Unis aux pays scandinaves).
Dépénaliser le travail Le point est que le taux optimal de 0%, qui assure l’efficacité, est le taux marginal, sur les dernières unités de chaque revenu perçu. Ce n’est pas le taux sur les autres unités (le « taux inframarginal » sur les « unités inframarginales »). En d’autres termes, ce taux est 0% par rapport au travail, pas par rapport au taux de salaire et aux capacités productives qui déterminent celui-ci. Cet impôt qui n'induit ni gaspillage ni chômage ne dépend donc pas de la quantité de travail total fournie par chacun, mais il dépend du taux de salaire. Et c’est ce taux de salaire qui détermine, en moyenne, le gros des différences de revenu (revenu gagné et revenu de l’épargne du revenu gagné). Si, d’ailleurs, quelqu’un travaille plus que quelqu’un d’autre, n’est-il pas juste qu’il perçoive la rémunération de cet effort supplémentaire ? L’exemple précédent ne parle du travail que par sa durée. On peut inclure dans ce raisonnement le travail de formation et l’intensité du travail. Quand l’intensité conduit à une prime de rendement, on peut, comme pour les heures supplémentaires, exonérer la prime de rendement de l’impôt sur le revenu. De même, il existe parfois des primes pour la formation antérieure, ou des barèmes faisant dépendre le salaire de cette formation, et des exonérations semblables sont possibles.
Ce que l’on voudra, en fin de compte, c’est asseoir l’impôt non pas sur les paramètres choisis du travail, mais sur les capacités productives données des personnes, donc sur les causes de leur revenu dont elles ne sont pas responsables. Une feuille de paye fournit beaucoup des informations nécessaires : taux de salaire, salaire et durée du travail – ce qui implique un taux de salaire –, primes, type de travail qui implique souvent une intensité ou une formation requises, mention explicite de la formation etc. Et 9/10 des revenus du travail dans les pays développés sont des salaires. Les administrations fiscales ont des routines bien établies pour estimer les assiettes de leurs impôts : demandes, recoupements, vérifications, pénalités, comparaisons, classifications, et même « forfaits ». L’un dans l’autre, l’assiette recherchée est plutôt plus facile à estimer que celle des impôts actuels, et, en tout état de cause, on ne cherche pas ses clefs, perdues dans le noir, sous le réverbère parce qu’il y fait plus clair. Dans le jargon des économistes, une assiette fiscale est plus « élastique » quand le contribuable peut plus facilement l’affecter par ses actions et plus « inélastique » dans le cas contraire. Les remarques qui précèdent reviennent à dire que l’impôt optimal doit avoir une assiette la plus inélastique possible parce que cela respecte l’efficacité de l’économie et de la société. La bonne réforme fiscale doit donc d’abord consister en une « désélasticisation » des assiettes. Cela vaut aussi pour les aides comme le « crédit d’impôt » : les personnes doivent être aidées au prorata de leur manque à gagner pour un travail forfaitaire et non pour leur travail effectif. Ainsi, personne n’est incité à travailler moins pour profiter de la compensation fiscale partielle de la perte de revenu.
L’impôt efficace est l’impôt juste Mais ne rencontrerons-nous pas alors le fameux dilemme entre l’efficacité économique et la justice sociale ? Nous avons noté que la désélasticisation est compatible avec toute redistribution que l’on voudra. Et il y a plus : cette mesure se trouve réaliser aussi des principes de justice fondamentaux. N’est-il pas juste que quelqu’un qui travaille plus gagne plus ? Tant les libéraux que la plupart des égalitaristes le pensent. N’est-il pas conforme à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, donc au préambule de notre constitution, que chacun puisse librement échanger avec chaque autre du travail pour un salaire sans qu’on se mêle de leur accord ? Cette déclaration dit que les dépenses publiques doivent être financées « selon les capacités à payer ». Mais pour un revenu gagné, la capacité à payer est la capacité à gagner, c’est-à-dire le taux de salaire, et non pas le travail. D’ailleurs, les personnes sont responsables de leur travail, mais pas de leurs capacités données, ni de la demande de celles-ci par la société, donc de leur taux de salaire qui découle de ces deux facteurs. La finance fonctionnelle Après la désélasticisation efficace et juste, le second principe de l’optimisation des finances publiques consiste à distinguer leurs différentes fonctions, qui relèvent de raisons différentes, et notamment la fonction distributive des autres (production des biens publics, stabilisation macroéconomique, etc.). Une certaine égalisation des ressources humaines, ou capacités productives, données se réalise par une distribution qui revient à partager également le produit d’un même travail notionnel de tous (avec leurs capacités différentes), à ce que chacun cède à chaque autre le produit du même travail, à ce que chacun reçoive le même revenu de base financé par un égal sacrifice de chacun en travail, et à ce que chacun reçoive selon son travail pour un certain travail et selon son travail et ses capacités pour le reste. Chacun travaille pour tous pour un certain travail, le même pour tous, et pour soi-même, librement, pour le reste. Une égalisation des ressources données ayant cette structure peut être plus ou moins intense, depuis son absence prônée par le libéralisme classique, jusqu’à l’égalisation des revenus gagnés durant 1 à 2 jours par semaine ou plus. Cela dépend du degré en lequel la société considérée se sent constituer une communauté. La forme indiquée de l’impôt et des aides relève aussi de l’impôt à taux constant (flat rate) dont la simplicité fait des miracles ailleurs, mais cela est ici compatible avec tout effet distributif des finances publiques que l’on voudra en choisissant le degré de distribution de la valeur des capacités productives.
La réforme des finances publiques dans cette direction peut se faire avec toute la progressivité ou rapidité désirée, en sorte que tout le monde gagne à chaque étape grâce à l’efficacité économique et sociale restaurée par la désélasticisation des assiettes. Les finances publiques ingurgitent près de la moitié du produit national et influencent le reste de façon déterminante par leurs dépenses, les impôts, et leur structure. Or les finances publiques actuelles résultent d’une accumulation de mesures ad hoc prises chacune en ne considérant qu’un ou deux de ses effets, sans vue d’ensemble. Le résultat est incohérent, contradictoire, gaspilleur, et fortement générateur de gaspillage et d’inefficacité de l’économie. L’efficacité, la justice, l’emploi, la croissance, et le statut international qui les accompagne, ne nous tomberont pas du ciel et ne résulteront que de la rationalisation de l’économie publique dont on a indiqué les principes de base : la désélasticisation optimale pour l’efficacité et la justice, la finance fonctionnelle distinguant les fonctions de l’action économique publique pour la clarté et la rationalité, et la simplicité du taux constant.


10 octobre 2007

Quel place occupe le travail dans notre société ?

Quelle place le travail occupe-t-il dans nos sociétés ?

A) Les anciens et le travail
1) Travail et loisir « La vie se divise en loisir et labeur, guerre et paix et parmi les actions, les unes concernent ce qui est indispensable et utile, les autres ce qui est beau….La guerre doit être choisie en vue de la paix et le labeur en vue du loisir, les choses indispensables et utiles en vue de celles qui sont belles…‘(VII 14 14)…Quant à l’exercice aux travaux guerriers on ne doit pas le pratique en vue de réduire en esclavage ceux qui ne le méritent pas mais d’abord pour ne pas être soi-même réduit en esclavage par d‘autres, ensuite pour rechercher l’hégémonie dans l’intérêt des gens subjugués par d’autres et non pour être le despote de tous et troisièmement pour se rendre maître de gens qui méritent d’être esclaves… » Politiques. Aristote VII 14 1333 b 
2) Travail et conscience de son travail  « Le savoir de la vie te semble donc meilleur que la vie même ? Ou bien, peut-être conçois  tu la science comme une vie supérieure et plus authentique puisque personne ne peut savoir si ce n’est celui qui saisit par l’intelligence ? Or qu’Est-ce que saisir par l’intelligence si ce n’est vivre dans une plus grande clarté et une plus grande perfection grâce à la lumière de l’esprit ? C’est pourquoi si je ne me trompe pas, tu n’as pas placé avant la vie quelque choses d’autre mais avant une certaine vie une vie meilleure ». Le libre arbitre. Saint Augustin.nrf 1998 œuvres I sous la direction de L Jerphagnon   

B) La place du travail dans la modernité
1) Travail et mérite «  Encore qu la terre et toutes les créatures inférieures soient communes et appartiennent en général à tous les hommes, chacun pourtant a un droit particulier sur sa propre personne sur laquelle nul ne peut avoir aucune prétention. Le travail de son corps et l’ouvrage de ses propres mains , nous le pouvons dire sont son bien propre. Tout ce qui a été tiré de l’état de nature par sa peine et son industrie appartient à lui seul car cette peine et son industrie étant sa peine et son industrie propre, personne ne saurait avoir droit sur ce qui a été acquis par cette peine et cette industrie surtout s’il reste aux autres assez de semblables et d’aussi bonnes choses communes ».  Locke Second traité de gouvernement civil. V 27 La nature montre qu’il y a une limite à l’accumulation. Locke donne plusieurs exemples à cette limite naturelle. Ainsi « avant l’appropriation des terres, celui qui amassait autant de fruits sauvages et tuait, attrapait ou apprivoisait  autant de bêtes qu’il lui était possible mettait par sa peine, ces productions hors de l’état de nature et acquérait sur elles un droit de propriété : mais si ces choses venaient à se gâter et à se corrompre pendant qu’elles étaient en sa possession et qu’il n’en fit pas l’usage auquel elles étaient destinées si ces fruits qu’il avait cueilli se gâtaient, si ce gibier qu’il avait pris se corrompait, avant qu’il put s’en servir, il violait sans doute les lois communes de la nature et méritait d’être puni parcequ’il usurpait la portion de son prochain à laquelle il n’avait nul droit et qu’il ne pouvait posséder plus de bien qu’il n’en fallait pour la commodité de la vie… »  V 38 Mais qu’Est-ce qui a tout gâté ? C’est l’argent pour Locke. Il écrit « Au commencement tout était comme une Amérique…Et il est à remarquer que dès qu’on eut trouvé quelque chose qui tenait auprès des autres la place de l’argent d’au jourd’hui, les hommes commencèrent à étendre et agrandir leurs possessions. Mais depuis que l’or et l’argent qui naturellement sont si peu utiles à la vie de l’homme par rapport à la nourriture, au vêtement et à d’autres nécessités semblables ont reçu un certain prix et une certaine valeur, du consentement des hommes quoique après tout le travail contribue beaucoup à cet égard, il est clair, par une conséquence nécessaire que le même consentement a permis les possessions inégales et disproportionnées. Car dans les gouvernements où les lois règlent tout, lorsqu’on y a proposé et approuvé un moyen de posséder justement et sans que personne ne puisse se plaindre qu’on lui fait tort, plus de choses qu’on peut consumer pour sa subsistance propre et que ce moyen c’est l’or et l’argent lesquels peuvent demeurer éternellement entre les mains d’un homme sans que ce qu’il en a, au-delà de ce qui lui est nécessaire soit en dagner de se pourir et déchoir, le consentement mutuel et unanime rend justes les démarches d’une personne qui avec des espèces d’argent agrandit, étend, augmente ses possessions autant qu’il lui plaît… » John Locke seconde traité de gouvernement civil. Chapitre V

2) Travail et maîtrise de la nature  « …trouver une pratique , par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer de la même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseur de la nature ».  Descartes.Discours de la méthode. VIème partie.
3) Travail et dépassement de soi Le travail se présente surtout comme négation du désir et du spontané et donc comme souffrance. Il se présente également comme une forme de discipline qu’il nous faut accepter et en cela il est intimement relié à la technique qui n’est qu’une émanation de ce travail. Ce moment du travail doit être tourné vers la distinction mais Hegel nous montre que je ne peux opérer ces distinctions si je ne travaille pas. Pourquoi parce que travailler c’est accepter cette discipline et donc c’est intégrer cette part d’autre en moi.
L’homme spontanément d’introduit pas nécessairement cette part d’autre en lui-même. Pour Hegel l’esprit se forme lentement ainsi qu’il l’a démontré dans sa phénoménologie de l’esprit et il a besoin de plusieurs étapes pour parvenir à cette pleine conscience de lui-même. Cette pleine conscience c’est acceptation de la part d’autre qui est en soi et acceptation du soi qui est dans l’autre. Pour ce faire il faut avoir fait l’expérience de l’autre en soi et pour ce faire il importe donc de nous laisser nous imposer cette souffrance du travail pour autrui qui est introduction de cet autrui en nous.
L’esprit ne s’ouvre pas ainsi aux distinctions, pour distinguer il faut en premier lieu introduire la négativité en lui. Tel doit être l’objet de tout travail. HEGEL. Encyclopédie des sciences philosophiques III. Philosophie de l’esprit (résumé)

C) La crise du travail dans le monde contemporain ?

1) Le caractère aliénant du travail moderne 
Le travail moderne se caractérise par deux aspects : la division du travail et la spécialisation technique ainsi que le souci d’efficacité. Le sceptique prône un détachement mais ce détachement est-il possible ? La société ne réclame-t-elle pas de nous que nous occupions un poste et que nous remplissions une fonction ? Cette fonction n’est-elle pas la condition de notre acceptation par le groupe ? Mais tous les travaux se valent-ils ?Marx nous montre dans ce texte, le caractère aliénant du travail de l’ouvrier. L’aliénation s’explique par le fait que l’ouvrier effectue une tâche qui est contraire à son essence. Son essence c’est celle d’être un homme et d’être traité dignement – ce qu’il n’est pas en Occident lorsqu’il écrit ce texte – c’est aussi de faire un travail qui le satisfasse pleinement en son corps et son esprit – or ces travaux répétitifs ne le satisfont nullement en son corps et son esprit, ils lui donnent tout juste la possibilité de se nourrir et par leur répétition ne permettent en rien de progresser intellectuellement. Ce travail éloigne l’ouvrier de son être, de ce qu’il est. Il le ravale au rang de bête. Voire la bête humaine de Zola. L’ouvrier finit même par devenir une bête à force d’être traité de la sorte. Il faut donc sans doute opérer une distinction entre deux types de travaux :ceux que l’on opère pour soi véritablement et qui libèrent et ceux que l’on n’effectuent que pour d’autres – sans aucune considération pour soi – et qui enferment.K MARX. Manuscrit de 1844. Résumé

2) La recherche d'une solution par le travail non rémunéré ?
L’importance du travail  Notre modernité nous montre qu’elle attache une importance considérable au travail. Il semble même qu’elle soit une société du travail. Comment expliquer ceci et prend-elle le sens de travail dans le même sens qu’Augustin, comme découvert d’un soi intérieur ?
Arendt nous indique que pour elle, la société moderne se caractérise par la victoire de l’homo laborens. Les sociétés antiques avaient plus exactement un mépris du travail et l’esclavage avait été inventé pour libérer certains hommes du travail pour leur permettre de s’adonner aux activités nobles : pensée et politique. On n’était pas noble, donc libre si l’on travaillait. Le travail était conçu comme un lien à la nécessité. Un homme qui ne consacrait pas son argent à se libérer du travail pour s’occuper de ces activités était considéré comme un pauvre homme. Nos sociétés démocratiques sont fort différentes. Tous travaillent et le politique, comme l’intellectuel ont un travail particulier au sein de la cité. Nul ne connaît véritablement un travail désintéressé. Or ce qui opprime dans le travail c’est le lien à l’intérêt, ce n’est pas le travail lui-même. On est pas libre si l’on est aliéné et l’on peut être aliéné par une pure recherche d’intérêt. Mais faut-il pour autant supprimer l’intérêt comme l’avaient fait les antiques et revenir à l’esclavage ? L’aporie de la modernité : la technique finit par rendre cette denrée essentielle quasiment rare. Arendt après avoir fait le constat dramatique de sociétés axées sur le travail intéressé qui se retrouvent de plus en plus sans travail pour tous alors que le travail était moyen d’égalisation des conditions propose de faire une distinction entre le travail proprement dit, l’œuvre et l’action. Chacune a une fonction bien précise qui n’est pas la même : le travail crée la survie, l’œuvre assure une permanence dont nous avons besoin et l’action œuvre sur le souvenir. L’homme complet et ne se sent complet que lorsqu’il travaille dans ces trois conditions là. La sortie de l’aporie pour Arendt : la distinction travail, œuvre, actionEn fait cette distinction nous rappelle que nous pouvons avoir une autre vision de notre travail. Nous pouvons aussi travailler certes pour nos besoins matériels et de survie de l’espèce (travail) mais nous pouvons également œuvrer en cherchant la part de durabilité qui peut exister en nous ( œuvre) et enfin être dans l’action( tournée vers l’autre ; action caritative, humanitaire, etc…) qui est laisser une trace dans le souvenir de l’autre.
Cette triple distinction permet de sortir de l’aporie car elle permet de poursuivre les efforts de la modernité sans faire en sorte de nous laisser enfermer par l’importance et le triomphe de l’homo laborans. Elle nous demande de voir la notion de travail sous un sens large et ainsi d’occuper nos vies de manière plus variée.
Donc travailler présente certes un aspect pénible mais travailler c’est d’abord nous ouvrir l’esprit et faire en sorte d’apprendre à opérer des distinctions, donc à apprendre à distinguer pris dans les deux sens du terme, c’est-à-dire à la fois faire des séparations judicieuses mais également apprendre à voir le réel tel qu’il est. Le travail nous sert et doit être tourné essentiellement vers cette distinction nécessaire qu’il nous faire entre les choses afin de ne pas les recevoir telles qu’elles nous apparaissent mais à les prendre pour ce qu’elles sont réellement. Mais qu’en est-il de la part négative du travail ? N’y a-t-il pas de part universelle négative de celui-ci ? Qu’est ce qui dans le travail me permet de faire cette place pour la distinction  H Arendt. La condition de l’homme moderne

3)La question de la division internationale du travail. « Lorsque nous affirmons que le travail immatériel tend aujourd’hui à occuper une position hégémonique cela ne signifie pas que la plupart des travailleurs produisent désormais des biens essentiellement immatériels. Au contraire, le travail agricole reste dominant en termes quantitatifs…Le travail immatériel représente une fraction minoritaire du travail global et il est concentré dans les régions dominantes du globe. Nous affirmons en revanche que le travail immatériel est devenu hégémonique du point de vue qualitatif et qu’il a imposé une tendance aux autres formes de travail et à  la société elle-même. En d’autres termes, il occupe aujourd’hui la même position que le travail industriel il y a cent cinquante ans…De même que par le passé toutes les formes de travail et la vie sociale elle-même durent s’industrialiser, le travail et la société doivent aujourd’hui s’informatiser, devenir intelligents, communicatifs, affectifs… » p 136   
« L’hégémonie du travail immatériel tend cependant à transformer les condition de travail. Il suffit de considérer la transformation de la journée de travail, caractérisée par l’indistinction croissante entre temps d’activité et temps libre… Lorsque la production vise à résoudre un problème, à élaborer une idée ou établir une relation, le temps de travail à tendance à s’étendre pour finalement embrasser tout le temps de la vie.. Certains économistes utilisent les termes de fordisme et de pos-fordisme pour désigner le passage d’une économie caractérisée par l’emploi stable à durée indéterminée caractéristique du travail industriel à un régime marqué par des relations productives flexibles, mobiles et précaires  » p 139Michael Hardt et Antonio Negri « Multitude. Guerre et démocratie à l’âge de l’empire »Ed la découverte 2004. Trad N. Guilhot

4) La crise du travail ? « Hegel développera l‘idée lockéenne du travail comme formation de la nature en particulier dans la dialectique du maître et de l’esclave…Marx associera dans les manuscrits de 1844 à cette fonction de formation du travail, l’idée d’une désaliénation de l’essence humaine, c’est-à-dire d’une libération de l’homme par la libération du travail. L’ensemble de ces éléments a constitué l’utopie du travail »..p 104 « dans sa représentation moderne, le travail comporte donc trois composantes essentielles…premièrement le travail est au fondement de la valeur et , par son intermédiaire de la richesse et de la croissance…deuxièmement le travail est au fondement de la sociabilité…Troisiémement, le travail a fourni le principe d’une puissante conception de la libération sociale qui a soulevé des masses ouvrières au XIX et Xxème siècle. C’est principalement cette idée qui constitue l’utopie du travail »  p 105 « On voit donc en quoi la modernité politique est liée à l’utopie où le travail est conçu comme fondement exclusif de la valeur et vecteur d’une libération de l’homme et de la société. Or le travail est entré en crise…sous les trois déterminations que nous avons décrites…Premièrement, on ne peut plus dire que le travail est l’unique fondement de la valeur…que l’on pense par exemple à la valeur d’un top modèle ou d’un footballeur….Deuxièmement, les progrès considérables de la technique, de l’informatique s’ajoutant aux effets de la mondialisation dans un contexte de déséquilibre considérable entre les pays riches et les pays pauvres produisent le phénomène de pénurie du travail, si difficilement compréhensible lorsque l’on s’en tient aux schémas anciens …troisièmement, il n’est plus possible de concevoir le travail ni comme l’instrument de la formation de la nature, ni comme le vecteur privilégie d’une libération sociale de l’homme. Si le travail forme, il déforme et défigure également… » Y C Zarka in « Figures du pouvoir. Etudes de philosophie politique de Machiavel à Foucault »Puf 2001.p 106      

5)Le Monde édition électronique du 5/06/06
Pour l'instant, le Boston Consulting Group (BCG) en dénombre cent, mais combien seront-elles dans deux ou trois ans ? Elles, ce sont "les 100 entreprises des marchés émergents qui vont bousculer l'économie mondiale". Il y en a 70 en Asie (dont 44 en Chine et 21 en Inde) et 18 en Amérique latine, les autres étant, pour l'essentiel, turques ou russes. Pascal Cotte, coauteur de l'étude, ajoute : "Cette année, (c'est) un top 100, on peut imaginer que dans deux ou trois ans il y ait un top 2000."Ces 100 sociétés ont un chiffre d'affaires cumulé de 715 milliards de dollars (552 milliards d'euros) en 2004, en hausse de 24 % sur 2003, qui représente les produits nationaux brut (PNB) cumulés du Mexique et de la Russie. Elles réalisent 28 % de leur chiffre d'affaires à l'international, ce qui, d'après le cabinet de conseil, devrait monter à 40 %. "A l'origine, il s'agissait souvent de petites PME bien implantées localement - sur des marchés domestiques vastes - et qui aujourd'hui s'intéressent aux marchés plus mûrs", poursuit M. Cotte. Avec un résultat opérationnel qui représente en moyenne 20 % de leurs ventes, elles sont très rentables. A titre de comparaison, les entreprises américaines qui composent l'indice S & P 500 à la Bourse de New York dégagent une marge opérationnelle de 16 %, celles du Nikkei de 10 % et celles du Dax allemand, de 9 %.CULTURE "LOW COST" Certes, les entreprises du Sud ont une main-d'oeuvre 10 à 20 fois moins chère que leurs rivales des pays développés. Ceci leur permet de vendre moins cher. "Mais il y a de plus en plus de bureaux d'études, de centres de recherche et développement, d'équipes d'ingénieurs - eux-mêmes moins payés que leurs homologues occidentaux mais qui produisent des services de qualité", ajoute M. Cotte.Le BCG note par ailleurs que ces sociétés sont issues de pays où le pouvoir d'achat est très bas. Elles ont appris à produire le moins cher possible, sans superflu, "sont nées dans une culture "low cost" et ont des réflexes que les entreprises de l'Ouest n'ont pas", constate enfin l'analyste.L'enquête nous apprend aussi que ces sociétés ont des équipements modernes. L'âge moyen des actifs industriels des entreprises chinoises est ainsi de 7 ans (17 ans pour les américaines). Autant d'atouts qui s'ajoutent à leur accès quasi illimité à de nombreuses sources de financement.Dans ce contexte, elles vont multiplier leurs achats en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis. On y découvrira bientôt la puissance de l'indien Bharat Forge, le deuxième métallurgiste mondial, du chinois BYD, leader mondial des batteries au nickel-cadmium, ou encore du mexicain Cemex, l'un des plus importants producteurs de ciment... Des Mittal et des Severstal en puissance...Mais M. Cotte prévient : "Gérer 1, 2 ou 3 milliards de dollars, c'est bien. Mais lorsqu'on se compare à des géants qui pèsent 20 ou 30 fois plus, il faut une sophistication managériale que ces sociétés n'ont pas aujourd'hui." Il pronostique : "Il y aura des opérations de croissance spectaculaires mais il y aura des explosions en vol également spectaculaires."
François Bostnavaron





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